Les garçons attendent impatiemment l'heure de l'Iftar Ancrer ce jour dans la mémoire de l'enfant comme un événement heureux. Jeûner pour la première fois représente pour un enfant de 7 - 8 ans ou un peu plus, un passage réussi, en douceur, dans le monde des adultes. Sollicitée une nouvelle fois pour nous conter nos us et coutumes d'antan, Lla Mimi T. de Kouba explique, que c'est tout un cérémonial qui entoure ce «Roi» ou cette «Reine» d'un jour. Ecoutons-la. La maman du jeune jeûneur est toute affairée à préparer pour son enfant le mets qu'il apprécie particulièrement. Une légère excitation, mêlée de fierté, l'anime. Si le jeûneur est une fillette, la maman la chargera de préparer son «f'tour» dans des mini-ustensiles achetés spécialement pour elle à cette occasion. Ce cérémonial particulier est généralement perpétué par la maman qui veillera, en ce jour singulier de la vie de son enfant, à le divertir afin de lui faire oublier la dureté d'une longue journée d'abstinence. En ce jour mémorable, la mère du jeune jeûneur prépare divers gâteaux et douceurs qu'elle présentera durant la soirée en présence de la famille et amis qu'elle aura convié auparavant pour partager la joie de son enfant...et la sienne aussi. Jadis, on préparait un oeuf bouilli que l'enfant allait chercher à un endroit «perché» pour rompre son jeûne. On lui présentait un verre de «cherbet», une boisson sucrée préparée à base de citron parfumé à l'eau de rose ou à l'eau de fleurs d'oranger. Ce verre, dans lequel on aura plongé un anneau en argent, il doit le boire sur un lieu surélevé, par exemple le toit de la maison, la terrasse, ou à défaut, une échelle. La «cherbet» est destinée à donner plus de tonus au rythme cardiaque de l'enfant affaibli par une journée de soif et de faim. L'anneau en argent était symbole de pureté du jeûne de cet enfant, et le lieu surélevé s'apparente au «haut rang» qu'il occupera dans le futur, explique la Mimi emportée par ses souvenirs en s'exprimant avec nostalgie en hochant la tête. Juste avant l'appel à la prière, El Adhan, dit-elle encore, les petites filles revêtent des tenues traditionnelles, se maquillent comme leurs aînées et portent même des bijoux. Les garçons portent, à cette occasion, des abaya ou des habits neufs et attendent impatiemment l'heure de l'Iftar. Les mamans poussent des youyous au moment où leur enfant rompt le jeûne en mordant dans l'oeuf ou en buvant la première gorgée de «cherbet». Au-delà de cette symbolique, le cérémonial est surtout destiné à ancrer ce jour dans la mémoire de l'enfant comme un événement heureux. Ainsi, il attendra toujours, avec un certain enthousiasme, la venue de ce mois sacré. Le Ramadhan a toujours occupé une place privilégiée dans le coeur des enfants, dont le sujet favori en ce mois sacré est de savoir «qui a jeûné le plus de jours» une sorte de défi ou plutôt un challenge entre eux. Ces us et coutumes sont en fait une occasion pour raffermir les liens sociaux, qui sont la base de l'Islam. Qui ne se souvient de ce jour béni?