Coutume n C'est comme un jour de fête dont la célébration est marquée par un cérémonial particulier. Il est généralement perpétué par la mère de famille qui veillera, durant ce jour particulier dans la vie de son enfant, à le garder à la maison afin de lui éviter un coup de chaleur, tout en l'occupant à divers jeux censés lui faire oublier la dureté d'une longue journée d'abstinence, souligne à ce propos Youcef Ouraghi, véritable mémoire vivante des us et coutumes de la ville de Blida. Si le jeûneur est une fillette, la tâche sera encore plus aisée pour la mère qui la chargera, à cette occasion, de préparer l'«aachioua» ou le f'tour, dans des ustensiles miniatures achetés spécialement pour elle. Par ailleurs, la mère du jeûneur précoce s'attellera, en ce jour mémorable, de préparer tout un assortiment des mets que son enfant apprécie particulièrement, tout en veillant, ajoute M. Ouraghi, à lui cuisiner également un petit pain, en plus des divers gâteaux et mignardises qu'elle présentera durant la soirée en présence de la famille et amis pour partager la joie de son enfant. Dans le passé, poursuit M. Ouraghi, la rupture du jeûne se faisait au son du canon qui donnait le signal de la fin de l'abstinence pour le jeûneur précoce surtout, à qui on présentera un verre de cherbet, une sorte de jus de citron sucré parfumé à l'eau de rose, dans lequel on aura mis un anneau ou un louis d'or, qu'il boira dans un lieu surélevé, le toit de la maison, ou à défaut une échelle. «Cherbet est destiné à relever le rythme cardiaque de l'enfant très affaibli par une journée de soif et de faim, alors que la pièce d'or est une coutume locale symbolisant la pureté du jeûne de cet enfant, et le lieu surélevé augure du «haut rang» qu'il occupera au milieu de ses congénères, explique-t-il. Au-delà de cette symbolique, ce cérémonial est surtout destiné à ancrer ce jour dans la mémoire de l'enfant comme un événement heureux, qui fera qu'il attendra toujours, non sans enthousiasme, la venue de ce mois sacré. La première décade du mois de ramadan est la plus indiquée pour le jeûne des enfants, selon la même source qui relève la grande effervescence régnant durant la 2e et 3e décade où la mère est occupée aux achats des habits neufs de l'Aïd et à la confection des gâteaux, qui fera qu'elle ne pourra pas totalement se consacrer au petit jeûneur. Le ramadan a toujours occupé une place privilégiée dans le cœur des enfants, dont le sujet favori en ce mois sacré est de savoir «qui a pu jeûner le plus de jours parmi eux». M. Ouraghi a insisté, à ce propos, sur le fait que les familles blidéennes ont toujours marqué ce jour d'une empreinte indélébile dans la vie de leurs enfants, en organisant une soirée en leur honneur, où étaient invités tous les membres de la famille et les amis autour d'une table garnie de m'hencha, cigares au miel et autres samsas et kelbelouz, ce qui constituait en soi une occasion pour raffermir les liens sociaux, qui sont à la base de notre religion.