L'aviation turque a mené deux séries de raids dans le nord de l'Irak vendredi, bombardant de nombreuses cibles de rebelles Kurdes qui ont intensifié leurs attaques contre la Turquie, a annoncé hier l'armée turque, sans fournir de bilan d'éventuelles victimes et de dégâts. La Turquie a repris le bombardement aérien des positions de rebelles kurdes dans la montagne irakienne, auquel elle n'avait pas recouru depuis plus d'un an, après une attaque mercredi des membres du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) dans le sud-est de la Turquie, frontalière de l'Irak, qui a tué neuf membres de ses services de sécurité. «Les cibles ont été frappées (vendredi) avec précision et efficacité par des chasseurs et l'artillerie (depuis le territoire turc) dans la matinée puis ensuite dans la soirée», selon un communiqué en ligne de l'état-major des armées qui fait état de 105 cibles visées par les avions, mais aussi l'artillerie. Les cibles bombardées par les avions se situent dans les zones de Hakurk, Avasin-Basyan et Zap, dans le nord de l'Irak, où le PKK dispose de bases arrières pour attaquer la Turquie, selon le communiqué. «Les dégâts occasionnés par les pilonnages sont en cours d'évaluation après des vols de reconnaissance sur la zone», ajoute le texte. L'armée a en outre diffusé des enregistrements de ces frappes où l'on voit des explosions sur des «repaires de terroristes» et des «dépôts de vivres et de matériel» du PKK. Par ailleurs quatre rebelles kurdes ont été tués dans des combats survenus ces 48 dernières heures à Hakkari et Siirt, deux provinces du sud-est anatolien, peuplé majoritairement de kurdes et champ d'action du PKK, a annoncé hier le ministère de l'Intérieur. Depuis juillet, les attaques attribuées par les autorités turques au PKK ont coûté la vie à une quarantaine de soldats et de policiers, poussant le gouvernement d'Ankara a adopter une ligne plus dure dans ce conflit qui perdure depuis 1984, date à laquelle le PKK a pris les armes La Turquie a adopté jeudi une «nouvelle stratégie» qui prévoit notamment de combattre les rebelles avec des troupes militaires entièrement professionnelles mais aussi avec des unités spéciales de la police. Jusqu'à présent l'armée décidait presque seule dans les zones de combats. Désormais les services de renseignements (MIT) et les autorités civiles devraient être impliqués dans le mécanisme de coordination qui sera mis en place pour lutter contre le PKK. Certains analystes militaires cependant estiment que les frappes aériennes ne suffiront pas à ébranler le PKK dans la montagne irakienne et insistent sur une opération terrestre. Depuis le début des années 1990, l'armée turque a mené plusieurs incursions terrestres dans le nord de l'Irak pour pourchasser les rebelles dont la dernière, longue de huit jours, remonte à 2008. Selon Ankara, 2000 rebelles sont retranchés dans la zone autonome du Kurdistan en Irak d'où ils disposent d'une liberté de mouvement. Les Etats Unis, alliés de la Turquie au sein de l'Otan et qui considèrent le PKK comme un mouvement terroriste, fournissent généralement des renseignements sur le PKK en Irak.