«L'Algérie a dit son mot et elle l'a dit au sein de la Ligue arabe dans un cadre démocratique» La neutralité d'Alger vis-à-vis de ce conflit est loin d'être synonyme de complicité avec le régime de Mouamar El Gueddafi. En marge de sa participation à la Conférence internationale de soutien à la Libye qu'a abrité Paris, jeudi, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, a levé toute ambiguïté quant à la position d'Alger par rapport au conflit libyen. «Il n'y a aucune ambiguïté. L'Algérie a dit son mot et elle l'a dit au sein de la Ligue arabe dans un cadre démocratique. Elle s'est rangée à la majorité de la Ligue lorsque la résolution 1973 (du Conseil de sécurité de l'ONU) a été prise, elle l'a appliquée résolument», a déclaré Mourad Medelci, sur les ondes de la radio privée française Europe1, soulignant que la neutralité de l'Algérie vis-à-vis de ce conflit est loin d'être synonyme de complicité avec le régime de Mouamar El Gueddafi. «Si, aujourd'hui, on considère que la position de l'Algérie est ambiguë, c'est très bien. Parce qu'il y a quelques semaines, on considérait tout simplement que l'Algérie était du côté de El Gueddafi. Je crois qu'il y a une avancée», a-t-il quelque peu ironisé, répondant fermement aux déclarations de son homologue français, Alain Juppé, qui a estimé, sur la radio RTL, que la position d'Alger «était ambiguë» dans la crise libyenne. «C'est le moins que l'on puisse dire», a jugé Juppé regrettant qu'Alger n'ait pas reconnu le Conseil national de transition (CNT). A propos de cette question, Mourad Medelci a été très clair. «Lorsque le CNT annoncera un gouvernement représentatif de toutes les régions du pays, nous le reconnaîtrons», précise M.Medelci après avoir souligné que l'Etat algérien avait espéré une résolution de la crise sans intervention étrangère. «L'Algérie a marqué sa différence au début du conflit tout simplement parce qu'elle a porté l'espoir que l'affaire libyenne va être réglée par la paix sans intervention d'une force étrangère», a dit le ministre en faisant allusion aux forces de l'Otan, principalement conduites par la France et la Grande-Bretagne qui se sont fait un devoir de détruire la Libye pour mieux (?) la reconstruire. Cela sans évoquer le véritable scandale que constitue le fait que la France et d'autres partenaires se soient «partagés» le pétrole libyen. Alger, rappelle-t-on, avait condamné, en mars dernier, les combats fratricides entre Libyens, tout en demandant l'instauration d'un cessez-le-feu. Pour ce qui est d'une éventuelle extradition des membres de la famille d'El Gueddafi, actuellement présents sur le sol algérien, le chef de la diplomatie algérienne a précisé que «le temps de réflexion pour accueillir ces familles composées essentiellement de femmes et d'enfants a été très court et que le sens de l'accueil y a prévalu», en rappelant que sur cette question, l'Algérie fera référence au cadre juridique bilatéral entre les deux pays. Pour ce qui est de l'accueil du colonel El Gueddafi, M.Medelci indique que «cette hypothèse n'a jamais été examinée chez nous». «L'Algérie a été respectueuse du droit international dès son origine et des résolutions du Conseil de sécurité, et elle continuera à le faire de manière ferme et résolue. Cela veut dire que l'Algérie n'ira pas à l'encontre de la volonté internationale de régler le problème libyen».