«Les Egyptiens arrivent en force» La 16e édition du Salon international du livre d'Alger frappe à notre porte. L'entrée sociale rime chaque année avec l'événement littéraire tant attendu aussi bien par les professionnels du secteur que les amoureux des bonnes feuilles. Ainsi, Printemps arabe oblige, et placé donc sous le slogan «Le livre délivre» le chapiteau du 5-Juillet accueille du 21 septembre au 1er octobre ce rendez-vous incontournable des mots, avec comme invité d'honneur, le Liban. L'occasion pour son commissaire, qui est aussi le directeur de Casbah Edition, de faire avec nous le tour de la question et nous dévoiler les grands axes de son programme. L'Expression: Sous quel slogan est placé cette année le Sila et pourquoi? Smaïl Ameziane: Le comité a choisi comme slogan «Le livre délivre». C'est-à-dire c'est l'ouverture, c'est la liberté d'expression pour tout le monde. On parle du rôle que peut jouer le livre, l'écrit. On croit savoir que le Salon va organiser un colloque dédié au Printemps arabe, est-ce exact? L'Egypte revient donc par la grande porte? Oui, un colloque international, cela n'a aucun rapport avec l'Egypte. Il s'appellera «Le Monde arabe, révolte ou révolution?» Il y a un certain nombre de conférenciers qui vont essayer de poser des questions pour comprendre ce qui se passe dans les pays arabes. Des conférenciers qui viendront d'un un peu partout, des USA, d'Angleterre, de Syrie, d'Egypte, du Maroc, du Tunisie, etc. C'est un colloque qui durera trois jours, à partir du 28 septembre à la Bibliothèque nationale, jusqu'au au 1er octobre. Une façon de coller à l'actualité? Là, c'est un colloque académique comme on en voit dans le monde. Le Sila et les organisateurs ont décidé de faire ce colloque pour écouter ce que peuvent dire les spécialistes sur ce qui se passe dans le Monde arabe Quelles sont les spécificités de ce Sila, en un mot les grandes lignes? Cette année, c'est le Liban qui est invité d'honneur. On recevra bien évidemment, à l'ouverture, le ministre de la Culture libanais avec un certain nombre d'auteurs et d'écrivains et poètes qui seront présents à Alger, notamment Joumana Haddad poétesse, traductrice, auteure d'une revue intitulée El Jassad, Rachid El Daïf, traducteur et romancier, Chawki Bezie, poète, responsable de la page culturelle du Safir, etc. Il y a aussi les Egyptiens qui arrivent en force. C'est normal, tout s'est arrangé. Tout est rentré dans l'ordre... Qu'est-ce qui explique ce revirement de situation envers les Egyptiens? L'année précédente ils nous avaient finalement boycottés puisqu'ils ne sont pas venus malgré la dernière invitation du ministère de la Culture... Je tiens à dire que l'année dernière, moi personnellement, j'étais contre leur venue. Cependant, le monde a changé... Ils ont émis le voeu d'être présents et nombreux. Je précise aussi qu'aucun pays arabe ne peut boycotter l'Algérie et le Salon d'Alger. Indépendamment de tout ce qui s'est passé dans certains pays arabes, aucun éditeur du Monde arabe ne peut boycotter le Salon d'Alger, car il est trop important. Il n'y a aucune raison pour qu'on le boycotte. Il y aura 90 éditeurs égyptiens. C'est la participation la plus importante en nombre et en surface. Je tiens à signaler que le nombre d'éditeurs avoisine cette année les 500. L'Algérie sera présente avec 130 éditeurs environ. Les Libyens n'ont jamais participé au Salon. Sachez que les invitations ont été lancées au mois de mai, bien avant les révolutions. On ne pouvait pas prévoir ce qui allait se passer. On a envoyé les invitations sans faire de distinction. Les Libyens n'ont jamais réagi par rapport aux invitations. Côté nouveauté, la Russie participe pour la première fois, c'est-à-dire que le ministre de la Culture russe sera là. Les USA seront présents avec un grand stand. Les Français seront également présents avec des surfaces qui ont presque doublé cette année. Si on prend le cas de Hachette, ce sont de gros investissements qui ont été déployés pour l'agencement de leur stand, ceci pour montrer un peu la considération que portent actuellement au Sila un certain nombre d'éditeurs étrangers qui, à leurs yeux, est devenu un salon incontournable. Si on prenait le cas de Hachette seulement, la surface de son stand est de 400 m⊃2; que Hachette lui-même a investis, chose jamais faite depuis tous les salons. Hachette investit sérieusement au Salon d'Alger. Pour vous dire que le Salon d'Alger est un événement incontournable! Un mot sur les tables rondes et les importants écrivains qui seront parmi nous? L'accent a été mis sur les auteurs algériens vivant à l'étranger, c'est-à-dire l'écriture hors frontières puisque les écrivains d'ici sont invités d'office. Les Algériens qui seront invités au Sila sont nombreux et présenteront pour la plupart leurs nouveaux ouvrages. Signalons, Yasmina Khadra qui viendra présenter son dernier livre sorti cet été en France, L'équation africaine, Anouar Benmalek, Malika Mokadem, etc. sinon le pavillon esprit Panaf sera reconduit. Parmi les invités il y a aura aussi Smaïn, le comédien qui a sorti un livre, Edwy Plenel, le directeur du site d'information en ligne Médiapart, pour une conférence. Le Chilien Osvaldo Rodriguez, poète et romancier et essayiste, animera une conférence sur tous les inédits de Pablo Neruda, qui vont sortir bientôt dans le monde. Ceci n'est qu'une partie du programme. On croit savoir qu'il y a un livre très attendu au Sila et dont on parle beaucoup. Il a trait aux mémoires du président Chadli Bendjedid Cela va sortir chez Casbah Edition. Je n'aime pas parler de Casbah Edition quand c'est le commissaire du Sila qui parle. Quand Chadli Bendjedid décidera de les sortir, on les publiera. La décision finale reviendra à l'auteur. Disons que le travail est fait, c'est sûr que cela sortira mais on ne sait pas encore si c'est pendant ou après le Salon. Il y a toujours des dernières corrections à faire quand il s'agit de mémoires. Il faut respecter l'auteur. On a fait tout le travail éditorial, Ce qui nous concerne est fait... Quand le président donnera son OK on le sortira, mais c'est imminent. Cela peut être en septembre comme en octobre. Les éditions Casbah ne collent pas au Salon, on publie à longueur d'année. Mais, croyez-moi, il y a d'autres livres qui méritent aussi qu'on en parle. Quelles sont les nouvelles mesures prises quant à l'aménagement du chapiteau, s'il y en a? Oui, il y a du changement. On a cette année 5 000 m⊃2; couverts de plus que l'an dernier. Il y a une attention particulière bien sûr, pour les stands, tout ce qui est commodités, pour les visiteurs, les restaurants, les cafés. Ce sera vraiment un peu plus qu'un village, un grand village. Chaque année on essaie de s'améliorer par rapport aux critiques et imperfections relevées lors des éditions précédentes. On est rôdé maintenant au niveau des Douanes, il y a une très bonne collaboration avec le service des Douanes, aujourd'hui l'attention sera axée beaucoup plus sur les commodités, les aires de repos, les toilettes, etc.