Recep Tayyip Erdogan en visite au Caire depuis hier soir L'objectif est d'établir des liens étroits avec les nouvelles autorités (arabes) au moment où les relations d'Ankara avec Israël sont au plus bas. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, critique virulent d'Israël, a commencé hier une tournée dans les pays du «Printemps arabe» au Caire, centre d'une intense activité diplomatique autour de la reconnaissance d'un Etat palestinien à l'ONU. Le président palestinien Mahmoud Abbas est lui aussi au Caire pour participer à une réunion de la Ligue arabe, puis rencontrer la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, en route pour Israël. M. Erdogan doit ensuite se rendre en Tunisie et en Libye, où les soulèvements populaires ont chassé, comme en Egypte, les leaders autocratiques du pouvoir. L'objectif est d'établir des liens étroits avec les nouvelles autorités au moment où les relations d'Ankara avec Israël sont au plus bas. La Turquie a expulsé l'ambassadeur d'Israël après une dispute liée à l'affaire du raid meurtrier israélien en 2010 contre un ferry turc faisant partie d'un convoi humanitaire pour Gaza, et l'ambassade d'Israël au Caire a été attaquée par des manifestants égyptiens forçant l'ambassadeur à fuir. Ces développements, de même que l'offensive palestinienne en vue d'une demande d'admission d'un Etat de Palestine à l'ONU, ont suscité des craintes en Israël, de plus en plus isolé. Il faut «débattre de ce qui se passe avec la Turquie, avec l'Egypte et avec les Palestiniens», a dit le ministre israélien de la Défense Ehud Barak en appelant dimanche à une réunion d'urgence du cabinet de sécurité. M. Erdogan a renouvelé ses attaques contre Israël dans le journal égyptien Al-Shourouk: «Israël est devenu un enfant gâté (...) Non seulement il pratique un terrorisme d'Etat contre les Palestiniens, mais il a commencé à agir de manière irresponsable». «Israël ne veut pas reconnaître ses erreurs ou que le monde autour de lui a changé», a-t-il ajouté, en allusion au refus d'Israël de présenter des «excuses» pour son raid meurtrier. M. Erdogan, un fervent défenseur de la cause palestinienne, devenu une figure populaire dans la rue arabe en raison de ses virulentes attaques verbales contre l'Etat hébreu, était attendu dans la soirée d'hier au Caire. Aujourd'hui il s'adressera à une réunion ministérielle de la Ligue arabe et s'entretiendra avec les responsables égyptiens. Une «déclaration de coopération stratégique» sera signée durant sa visite, la première de M. Erdogan au Caire depuis la chute du régime de Hosni Moubarak en février, selon le quotidien égyptien Al-Ahram. De son côté, M. Abbas devait participer hier soir à une réunion spéciale du comité de suivi arabe sur le processus de paix israélo-palestinien, à quelques jours de son départ pour New York pour demander une adhésion de l'Etat de Palestine à l'ONU. La direction palestinienne a confirmé son intention de présenter une telle demande le 20 septembre, mais elle doit encore annoncer si elle choisit de passer par le Conseil de sécurité ou par l'Assemblée générale. Les Etats-Unis ont choisi d'opposer leur veto à cette initiative au Conseil de sécurité, disant favoriser une reprise des négociations de paix bloquées depuis un an. Notons que la Chine et la Russie, membres permanents du Conseil de sécurité, ont officiellement annoncé leur soutien à une demande palestinienne d'adhésion à l'ONU De leur côté, les Européens, qui tentent de parler d'une seule voix, tentent de convaincre M. Abbas de renoncer à l'option du Conseil de sécurité afin d'éviter une «confrontation» avec Washington, selon des sources diplomatiques européennes. L'UE pourrait à la place proposer aux Palestiniens de soutenir à l'unanimité à l'Assemblée générale leur accession au statut d'Etat non-membre. «Nous irons à l'ONU pour obtenir une reconnaissance internationale de l'Etat de Palestine, malgré les obstacles et les menaces», a dit M. Abbas. M. Erdogan sera demain en Tunisie, puis jeudi en Libye où il effectuera la première visite d'un chef de gouvernement étranger depuis la chute de Tripoli.