Sous le thème très général et très ouvert «À quoi sert le livre?» (Lire absolument L'Expression de mercredi 29 juin 2011, p. 21 et chaque mercredi suivant), les auteurs ayant contribué à cette réflexion nous font part de leur sentiment. La promotion du livre en Algérie est souvent chaotique pour ne pas dire inexistante, car elle se déroule presque en vase clos, même si la télévision et la radio, parfois la presse écrite, tentent de faire connaître tel auteur ou tel livre. Non, là, il ne s'agit pas d'une sélection par rapport à la qualité du livre ou de l'auteur; peut-être de très rares fois, cela a pu arriver, peut-être cela encore arrivera. Une arrière-pensée est cependant constante et, évident, le préjugé (favorable ou défavorable) du présentateur qui, à la façon napoléonienne, se couronne pompeusement critique, privilégiant celui-ci, ignorant celui-là, s'extasiant d'un sourire obséquieux sur un ouvrage imposé ou sur une personne recommandée, au micro ou face à la caméra. Par ainsi, l'avenir de l'auteur ou du livre n'est-il pas dénaturé, voire faussé jusqu'à provoquer intentionnellement ou non la pauvreté de l'écriture et le dédain de la lecture? Et l'on tient à convaincre que l'on parle de critique de livres!... Par ailleurs, on se plaint de ce que «les gens ne lisent pas» et de ce que «le livre coûte cher». Cela me semble tout à fait faux. Pourquoi? Parce que rien n'est fait, presque à tous les niveaux du domaine du livre et de la lecture pour promouvoir le livre et la lecture. Que fait-on pour cultiver le goût de la lecture qui est la seule assurance pour la carrière d'un livre? Que fait-on pour cultiver le respect du livre qui est la seule religion pour se purifier l'esprit et se mettre à jour sur ce qui avance à grande vitesse dans le monde de la culture et de l'action intellectuelle. En somme, rien ne vaut l'idée d'éveiller l'intérêt à acheter le livre et à le lire. Après ce devoir accompli, j'estime que la promesse de l'écrivain, de l'éditeur, du distributeur, du libraire, du présentateur est dignement tenue. Le lecteur, l'honnête lecteur, le vrai, n'aura pas été grugé. C'est un peu de ce miracle culturel, à promouvoir aussi, que procèdent «les considérations sur la lecture en Algérie» et «le savoir-lire», «le vouloir-lire» et «le pouvoir-lire». Ecrivains, éditeurs, imprimeurs, distributeurs, promoteurs, critiques ou présentateurs, libraires, bibliothécaires, enseignants, chercheurs, lecteurs,... sont, en Algérie, intellectuellement, professionnellement, moralement, physiquement impliqués dans la création et la circulation de la pensée culturelle par le livre.