Chef historique d'Al Qaîda en Libye, Abdelhakim Belhadj (à droite) est devenu l'un des principaux acteurs du CNT Rien ne va plus au sein du Conseil national de transition. Les affirmations de l'organisation d'un nouveau gouvernement de transition d'ici à la fin de la semaine, semblent quelque peu prématurées tant les divergences, au sein du CNT, entre les différents responsables remontent peu à peu à la surface. La question éternelle de la priorité du politique sur le militaire ou du militaire sur le politique divise les responsables du CNT. C'est le boycott par Abdelhakim Belhadj de la conférence de presse du représentant du bureau exécutif du CNT, M.Jibril, dimanche soir à Tripoli, qui a mis en lumière le froid existant entre les responsables civils et militaires du CNT. C'est l'arrivée, en début de semaine à Tripoli, de Mustapha Abdeljalil qui a fait des remarques assez sévères à l'aile armée du Conseil qui a tout déclenché. Selon les dernières nouvelles, l'aile armée du Conseil transitoire a exigé sa part au sein du futur gouvernement d'intérim, qui sera annoncé dans moins de 10 jours. Une demande a laquelle se sont opposés certains des membres du Conseil national de transition, et particulièrement les libéraux. Levant le voile sur l'amalgame qui est fait quant au contenu et la base fondamentale de la future Constitution de la Libye nouvelle, le chef des autorités de transition, Mustapha Abdeljalil, a affirmé que l'Islam serait la principale source de législation dans la nouvelle Libye, mais a rejeté toute «idéologie extrémiste». Le rôle que jouera la religion dans la Libye nouvelle, a finalement été précisé hier par les responsable du CNT. «Nous n'accepterons aucune idéologie extrémiste de droite ou de gauche. Nous sommes un peuple musulman, à l'Islam modéré et nous allons rester sur cette voie», a précisé le chef des nouvelles autorités, arrivé samedi pour sa première visite à Tripoli depuis le début de la révolte en février. De son côté, Amnesty International a, dans un rapport publié hier, accusé l'ancien régime de Mouamar El Gueddafi de crimes contre l'humanité, tout en pointant du doigt des abus commis par des combattants proches du Conseil national de transition (CNT), qui pourraient constituer des crimes de guerre. Des combattants du CNT «ont enlevé, détenu arbitrairement, torturé et tué d'anciens membres des forces de sécurité soupçonnés de loyauté envers El Gueddafi, et capturé des soldats et des étrangers soupçonnés à tort d'être des mercenaires», affirme l'organisation. En réponse à ces accusations, le nouveau régime a rétorqué dans un communiqué que les violations des droits n'ont «plus leur place en Libye»,, assurant qu'il s'efforçait de «faire entrer les groupes armés sous les autorités officielles» et qu'il enquêterait «de manière exhaustive sur tout incident signalé». Les uns et les autres seront appelés, donc, à répondre de leurs crimes et dépassements. Trois jours se sont déjà écoulés, et aucune offensive d'envergure n'a eu lieu sur les principales villes encore aux mains des pro-El Gueddafi -Bani Walid (170 km au sud-est de Tripoli), Syrte (360 km à l'est de Tripoli) et Sebha (centre)- qui ont montré ces derniers jours leur capacité à résister et même à contre-attaquer. Après l'expiration de l'ultimatum fixé par le CNT aux pro-El Gueddafi pour déposer les armes, les commandants hésitaient encore à lancer l'offensive, annoncée sur Bani Walid, vaste oasis qui compte 52 villages et 100.000 habitants, la plupart armés. La bataille pour Syrte semblait, pour sa part, encore moins bien engagée. Les pro-CNT massés sur la route côtière à l'est ou à l'ouest étaient encore à des dizaines de kilomètres de leur cible. Ceux de l'Est ont de plus, subi dimanche une contre-offensive des pro-El Gueddafi qui a fait 17 morts près de la raffinerie de Ras Lanouf, conquise fin août. Par ailleurs, le Niger s'apprêterait à placer en détention à Niamey, Saadi El Gueddafi, le fils de l'ex-homme fort libyen arrivé dimanche à Niamey, a affirmé hier la diplomatie américaine. Réunion à Pretoria de la commission sur la Libye La commission de l'Union africaine (UA) sur la Libye se réunira aujourd'hui à Pretoria pour discuter des derniers développements sur une question qui divise l'organisation continentale, a-t-on appris hier auprès du gouvernement sud-africain. «La commission, qui regroupe les chefs d'Etat de cinq pays, se réunira à Pretoria pour discuter d'une série de sujets touchant la Libye», a indiqué Bongani Majola, un porte-parole du président Jacob Zuma. La commission inclut les dirigeants de l'Ouganda, de la Mauritanie, du Mali et du Congo-Brazzaville. L'UA a tenté ces derniers mois une vaine médiation entre le régime de Mouamar El Gueddafi et les rebelles ayant pris la tête de l'insurrection populaire. L'organisation, qui affichait la volonté de jouer un rôle de premier plan dans le règlement de la crise, se retrouve désormais dans une position contradictoire. Plusieurs pays africains ont reconnu le Conseil de transition national (CNT), l'organe politique de la rébellion qui a chassé le colonel El Gueddafi du pouvoir, mais pas l'Union africaine elle-même. L'Afrique du Sud, qui a voté la résolution de l'ONU autorisant l'intervention de l'Otan en Libye pour protéger les civils de la répression du régime El Gueddafi, n'a pas reconnu le CNT. Elle ne le fera pas tant que l'UA ne l'aura pas fait, a rappelé hier le président Zuma, qui répondait à des questions au Parlement. «L'UA, en tant qu'organisation, n'a pas reconnu le CNT», a-t-il noté, déplorant au passage que le Botswana voisin l'ait fait.