Etonnante l'affirmation du président américain Barack Obama, selon laquelle les Palestiniens feraient «diversion» en demandant l'admission d'un Etat de Palestine à l'ONU. La Maison-Blanche et singulièrement, le président Obama, semblent avoir fait de cette question une «affaire américaine» mettant en branle l'énorme potentiel politique et diplomatique des Etats-Unis pour faire barrage aux Palestiniens à l'ONU. Fait unique dans les annales de l'ONU qui voit une superpuissance, membre permanent du Conseil de sécurité, mener cette étonnante «bataille» visant à empêcher un peuple - victime d'un déni de justice - de faire valoir son droit à l'établissement d'un Etat indépendant. Annonçant la couleur, les USA avaient déjà fait savoir qu'ils useront du veto pour stopper les Palestiniens. A ce propos, Barack Obama affirmait mardi que la démarche palestinienne «est une diversion (qui) ne résout pas le problème» Vous vous imaginez un peuple spolié de ses droits, qui court depuis 63 ans derrière sa reconnaissance, faire «diversion» (selon le dictionnaire, «Action consistant à détourner l'attention ou la réflexion de quelqu'un.» juste pour attirer l'attention des médias? C'est du moins ce que pense M.Obama qui indique: «Ce qui va se passer à New York pourrait attirer l'attention des médias, mais cela ne va pas changer ce qui se passe sur le terrain tant que les Israéliens et les Palestiniens ne négocient pas. C'est notre position, et elle n'a pas changé.» C'est nous qui soulignons ce dernier passage. Traduit, cela veut dire que les Etats-Unis partageant en cela la position d'Israël, sont contre l'érection d'un Etat palestinien indépendant doté de tous les attributs de la souveraineté. Cqfd! M.Obama insiste sur le retour à la table de négociation, feignant d'oublier que les Palestiniens négocient (directement) avec l'Etat hébreu depuis vingt ans. Or, pour nous en tenir aux principaux dossiers en pourparler-frontières, statut de Jérusalem-Est, colonies, réfugiés - aucun progrès n'a été réalisé et les négociations, selon les termes mêmes qu'utilise Israël, ne sont qu'en «phase exploratoire». A ce rythme, les négociateurs entreront dans le vif du sujet d'ici à 2111, c'est-à-dire dans un siècle. C'est exactement ce qu'affirmait, à la fin de l'année dernière, le chef de la diplomatie d'Israël, Avigdor Lieberman, selon lequel un Etat palestinien n'est pas envisageable «avant un siècle». Pourquoi cette durée? Il faut poser la question à Israël et aux Etats-Unis. Pendant ce temps, les colonies continueront à «manger» les territoires palestiniens occupés. Dans cinquante ans, en fait, il n'y aura plus de territoires palestiniens, mais seulement des colonies israéliennes. Donc, si «diversion» il y a, c'est bien de la part d'Israël et des Etats-Unis. Parrains, dit-on, du processus de paix au Proche-Orient, qui ont bien trompé leur monde, le menant quasiment en bateau, tout en faisant gagner du temps à Israël pour lui permettre de réaliser dans les territoires palestiniens occupés le fait accompli. De fait, qu'y a-t-il à négocier? Les frontières? Ce sont les lignes de démarcation (ou lignes vertes) reconnues comme frontières par le Conseil de sécurité de l'ONU. Jérusalem-Est? le texte de la résolution 181 II du 29 novembre 1947 (partage de la Palestine) ne demande qu'à être appliqué; le droit de retour des réfugiés est garanti par la résolution 194 du Conseil de sécurité du 11 décembre 1948 - confirmé ensuite par plusieurs résolutions dont les résolutions 394 et 513; les colonies? voilà le noeud gordien qui empêche la paix. La paix et la sécurité, seul un Etat indépendant peut la négocier et en garantir l'application et les effets. Nous ne ferons pas l'affront au juriste Obama, qu'il est, d'ignorer ce paramètre du droit international. Dans le cas qui nous occupe, il y a un Etat (Israël doté de la puissance militaire et diplomatique) et un peuple (palestinien) qui lutte pour accéder à la reconnaissance internationale qu'Israël et les Etats-Unis lui refusent. Ni plus, ni moins.