Les parlementaires se plaignent de la bureaucratie. Ils réclament plus de prérogatives. «Il faut réviser le statut de l'élu pour lui assurer plus de moyens, lui permettant de prendre en charge les préoccupations des citoyens au niveau local», a affirmé Messaoud Chihoub, vice-président de l'APN. Intervenant hier lors d'une journée parlementaire tenue sur le thème «Ce qu'attendent les citoyens de leur Parlement», ce juriste de la mouvance FLN estime qu'il faut clarifier la définition du député. «Les gens pensent que le député peut tout régler, c'est faux», explique-t-il en rappelant qu'il a un mandat national. Il a tenu à préciser, dans ce sens, que l'élu a le rôle de légiférer les lois et de transmettre les préoccupations des citoyens. Afin de prendre en charge les préoccupations des citoyens, M. Chihoub estime qu'il faut «armer» les députés. «L'élu doit avoir un mandat local pour qu'il puisse intervenir auprès de sa population», a-t-il suggéré. Selon lui, le caractère du mandat pose souvent un problème pour le député au niveau local. Il a rappelé que l'expérience des permanences a échoué. Effectivement, l'ouverture des permanences au niveau de chaque circonscription n'a pas permis de régler les problèmes des citoyens. Preuve en est, les émeutes qui s'enchaînent un peu partout. La rue est devenue, aux yeux des citoyens, le seul recours pour se faire entendre d'«en haut». M.Chihoub a même évoqué, dans son intervention, la révision du règlement régissant les relations entre le Parlement et le gouvernement. Ce texte, relève-t-il, souffre de beaucoup de lacunes. Selon lui, la révision des deux textes est indispensable pour rendre le Parlement plus actif et efficace dans la société. Faisant allusion au train des réformes, ce juriste estime qu'il est temps de revoir le fonctionnement du système parlementaire. Il espère que ce chantier sera ouvert lors de la prochaine législature, et ce, pour rétablir le rôle du député au sein de la société. Cette idée a été soutenue par plusieurs parlementaires. Beaucoup d'intervenants, hier au débat, ont souligné les difficultés que rencontrent les députés dans la médiation. «Il faut rétablir le rôle du politique et libérer les députés de la bureaucratie», a insisté un député du RND. Ce dernier reconnaît qu'«il y a une mainmise de l'administration sur les affaires politiques». Se voulant plus clair, ce député souligne que les autorités locales n'ouvrent même pas leurs portes aux députés.«Le député doit plaire aux responsables pour avoir des facilitations, sinon il est mis en quarantaine», a admis le député qui est à son deuxième mandats. Selon lui, les citoyens font trop de reproches aux députés alors que ces derniers ne sont même pas écoutés. «Plusieurs séances ont été consacrées pour parler des préoccupations des citoyens en vain», déplore-t-il. Nul n'ignore que les représentants du peuple ont souvent eu des problèmes avec les walis. D'où, l'intervention du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, interpellant les walis pour q'ils ouvrent leurs bureaux aux élus du peuple. Malgré ces appels, les autorités locales ne facilitent pas la tâche aux députés.