Abbas semble avoir trouvé, à l'ONU, des accents «arafatiens» et un charisme dont il est dépourvu Un premier examen de la demande d'adhésion de la Palestine à l'ONU doit avoir lieu aujourd'hui au Conseil de sécurité. Le Conseil de sécurité se réunira cet après-midi pour une première séance de consultations autour de la lettre de demande d'adhésion de l'Etat de Palestine à l'ONU. A la sollicitation de Mahmoud Abbas - requête d'admission après avoir été adressée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon qui l'a transmise, vendredi, au Conseil de sécurité - les 15 membres du Conseil de sécurité vont entamer dès aujourd'hui des consultations. Les services du porte-parole de M. Ban ont précisé que la demande d'admission de la Palestine a été faite «sur la base des frontières du 4 juin 1967 avec Al-Qods Al-Sharif comme capitale, et en tant que membre à part entière des Nations unies». Il est patent que les discussions seront ardues, d'autant plus que les Etats-Unis - qui ont fait de dures pressions sur le président Abbas pour le dissuader de déposer la demande d'admission de la Palestine - vont se concentrer sur les 10 membres non permanents du Conseil de sécurité pour les empêcher de voter en faveur de la demande palestinienne. Il est a noter que cette perspective était à la base, une initiative prioritaire. A ce sujet, M. Abbas a indiqué qu'il donnerait «du temps» au Conseil de sécurité pour se prononcer. Mais «s'il n'y a pas de décision ou un veto, nous irons à l'Assemblée générale», a dit mercredi le négociateur palestinien Nabil Chaâth. Six membres du Conseil de sécurité, permanents ou non, ont déjà dit qu'ils approuvaient la demande palestinienne: Chine, Russie, Brésil, Inde, Liban et Afrique du Sud. D'autres membres encore indécis ou n'ayant pas révélé leur position sont la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, le Nigeria, le Gabon, la Bosnie Herzégovine et le Portugal. La Colombie a annoncé qu'elle s'abstiendrait. Pour être adoptée, la demande de Mahmoud Abbas doit recueillir le soutien de neuf (9) des 15 membres du Conseil et ne faire l'objet d'aucun veto parmi les cinq membres permanents. Parmi les 15 membres du conseil de sécurité, certains appuient solidement le camp palestinien dont notamment les deux membres permanents du Conseil, la Chine et la Russie qui ont annoncé et confirmé qu'elles voteront pour l'admission de la Palestine. Il en est de même pour le Brésil, l'Inde, le Liban, l'Afrique du Sud. A part la position des Etats-Unis qui est connue d'avance, celles des cinq membres européens (Bosnie-Herzégovine, Grande-Bretagne, France, Allemagne et Portugal) demeurent des points d'interrogation, tout comme le Gabon et le Nigeria. En effet, si l'Union africaine a soutenu l'adhésion de la Palestine, il n'est toutefois pas clair que le Nigeria et le Gabon voteraient dans ce sens. Cependant, les Palestiniens tablent sur le fait que leur demande pourrait faire monter la pression internationale pour pousser Israël à accepter de négocier (sous conditions préalables) sur la base des frontières de 1967 et le gel de la colonisation. Les Palestiniens cherchent-ils à proclamer «unilatéralement» leur indépendance? Aussi bizarre que cela puisse paraître, la réponse est «non». Non, parce que les Palestiniens l'ont déjà fait... il y a près de 23 ans. Une initiative pacifique a été entreprise en 1988, lorsque les Palestiniens ont déclaré «un Etat indépendant» lors de la réunion du Conseil national palestinien (Parlement) à Alger. C'est en fait le programme adopté par le CNP à Alger qui a ouvert la voie aux pourparlers entre Israël et les Palestiniens et l'organisation de la rencontre de Madrid en 1991. C'est lors du 19e Conseil national palestinien (CNP), le 15 novembre 1988 à Alger, que les membres de cette assemblée législative de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) en exil ont proclamé un Etat palestinien indépendant. Dans une déclaration politique qui l'accompagne, les Palestiniens acceptent de négocier sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l'ONU, appelant, rappelle-t-on, au retrait israélien des territoires palestiniens occupés en 1967 (la bande de Ghaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est). Près de 150 Etats dans le monde ont reconnu l'Etat palestinien à la suite de la proclamation d'Alger.