Aïcha El Gueddafi a transgressé son «statut» de réfugiée humanitaire Le chef de la diplomatie algérienne a qualifié les déclarations de l'héritière de l'ex-Guide de la Jamahiriya d'«inacceptables». Cela ressemble à un coup de poignard dans le dos. Aïcha El Gueddafi a transgressé son «statut» de réfugiée humanitaire qui lui a été accordé par l'Algérie où elle a accouché dès qu'elle a mis les pieds sur le territoire national. Des décisions doivent être prises pour qu'un tel comportement ne se reproduise plus. «Je tiens à dire que cette sortie (médiatique de Aïcha El Gueddafi) est inacceptable pour nous et que des décisions seront prises pour qu'à l'avenir, des comportements de ce type-là ne puissent plus avoir lieu», a indiqué samedi le ministre algérien des Affaires étrangères dans des propos recueillis par l'APS. La sortie médiatique de celle que l'on surnomme la «Claudia Scheffer du désert» a mis dans la «gêne» les autorités algériennes. C'est peu dire puisque c'est de la tribune des Nations unies que Mourad Medelci s'est exprimé pour circoncire les hypothétiques effets collatéraux des déclarations intempestives de l'ex-avocate de Saddam Hussein. «J'ai été informé de cette déclaration faite par Aïcha El Gueddafi à la chaîne satellitaire Al raï, et je ne peux qu'exprimer ma surprise devant une telle déclaration qui vient d'une dame que l'Algérie a accueillie avec le reste de sa famille pour des raisons humanitaires, et qui transgresse les devoirs qui sont les siens vis-à-vis du pays qui l'a accueillie» a souligné le chef de la diplomatie algérienne à partir de New York où il prend part à la 66e Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies et qui n'a pas caché son grand étonnement et son mécontentement. Cela ressemble en effet à un coup de canif porté dans un contrat. Dans les traditions qui particularisent le Maghreb, l'hospitalité n'est pas un vain mot, elle a ses règles qui doivent être strictement observées. Ce n'est pas le cas apparemment de l'unique fille du guide déchu de l'ex-Jamahiriya libyenne qui a forcé par son comportement un ministre de la République (algérienne) à prendre la parole pour limiter les dégâts que peuvent occasionner des déclarations provoquées par des ressentiments d'ordre personnel - la chute brutale d'un père qui a régné sans partage quarante-deux ans durant. Il faut rappeler que l'Algérie, qui a soutenu, contre vents et marées, une solution politique pour résoudre le conflit libyen, a amorcé une normalisation progressive de ses relations avec le Conseil national de transition, organe politique de l'insurrection libyenne. Une attitude pragmatique vue d'un mauvais oeil par la coalition occidentale qui a opté pour une intervention militaire. Depuis, les choses évoluent progressivement vers des relations fructueuses entre les deux pays. «L'Algérie a décidé de travailler avec les nouvelles autorités libyennes et de faire que la coopération entre les deux pays redevienne une coopération normale, et je dirais même une coopération particulièrement renforcée dans tous les domaines», a tenu à préciser Mourad Medelci. La position du gouvernement est sous-tendue par deux paramètres: la reconnaissance du CNT par l'Union africaine et la volonté affichée des nouveaux hommes forts de Tripoli de préserver l'unité de la Libye. L'UA a reconnu le CNT «dans la mesure où ce dernier a pris des engagements formels pour aller vers un gouvernement inclusif représentant l'ensemble des régions, apportant ainsi les garanties nécessaires quant à la consolidation de l'unité nationale», avait déclaré mardi le président en exercice de l'Union africaine, l'Equato-Guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a rappelé M. Medelci. La position de l'Algérie s'est construite «sur la cohérence avec celle de l'Union africaine, et..sur l'engagement du CNT à consolider l'unité du peuple libyen, qui est certainement l'objectif le plus important», a expliqué le chef de la diplomatie algérienne. Des mises au point qui doivent faire oublier la hasardeuse sortie médiatique de la flamboyante descendante de Mouaamar El Gueddafi qui doit se résoudre à sa nouvelle condition.