Au moins 57 personnes ont été tuées mardi dans un attentat suicide contre un complexe ministériel à Mogadiscio, l'attentat le plus meurtrier des dernières années dans la capitale somalienne, et le premier revendiqué par les islamistes shebab depuis leur retrait de la ville il y a deux mois. « Le nombre de personnes tuées est de 57, et 34 autres sont portées disparues », a indiqué un responsable policier à Mogadiscio sous couvert de l'anonymat. « Nous craignons que le nombre de morts soit plus élevé car les personnes portées disparues peuvent déjà être mortes », a-t-il ajouté. C'est le premier attentat à Mogadiscio depuis que les shebab ont été contraints début août de quitter la ville face à une offensive des troupes pro-gouvernementales soutenues par une force de l'Union africaine (Amisom). « Un véhicule chargé d'explosifs est entré dans l'enceinte d'un bâtiment officiel », a indiqué par téléphone Mohamud Abdullahi, un chauffeur de taxi. « L'attaque a été menée par un camion rempli d'explosifs », a confirmé un autre témoin, Ahmed Mohamed, un fonctionnaire au ministère de la Santé. L'attaque suicide a visé un bâtiment qui abrite quatre ministères somaliens, à un embranchement connu sous le nom de « K4 » (« Kilomètre 4 »), un des principaux carrefours de la ville qui mène à l'aéroport où est installél'Amisom. Le complexe ministériel a gravement été endommagé, et plusieurs voitures stationnées à proximité ont pris feu. Les shebab ont revendiqué très rapidement l'attentat. « Un de nos moudjahidine (combattants) s'est sacrifié pour tuer des responsables du gouvernement fédéral de transition, des soldats de l'Union africaine et des informateurs qui se trouvaient dans l'enceinte » du bâtiment visé, a déclaré un responsable shebab, qui n'a pas donné son identité. Les précédents attentats les plus meurtriers à Mogadiscio avaient fait 21 morts au siège de l'Amisom en septembre 2009, et 33 morts en août 2010. Les shebab ont également revendiqué un double attentat qui avait fait 76 morts en juillet 2010 dans la capitale ougandaise Kampala, leur première action hors de Somalie. L'attentat de mardi se serait produit alors que des étudiants faisaient la queue devant le bâtiment gouvernemental pour obtenir des bourses attribuées par le gouvernement turc, selon une source locale. La Turquie a promis une aide importante à la Somalie ravagée par la guerre civile depuis vingt ans, et depuis plusieurs mois par une sécheresse qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts. Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a été en août dernier le premier chef de gouvernement étranger à se rendre à Mogadiscio depuis le début de la guerre civile en 1991. Contraints de se retirer début août de Mogadiscio et de plusieurs localités du sud de la Somalie largement sous leur contrôle, en raison d'une offensive pro-gouvernementale lancée en février, les shebab ont lancé récemment plusieurs contre-attaques. Les insurgés islamistes ont notamment mené avec succès des incursions éclair dans la ville de Dhobley (sud, à la frontière avec le Kenya) vendredi, puis lundi dans celle de Dhusamareb (centre de la Somalie). A chaque fois, ils s'étaient toutefois retiré rapidement.