Des dizaines de familles fuyaient encore mardi Syrte en proie à de violents combats, les forces du nouveau régime libyen resserrant l'étau autour de ce bastion du leader déchu Mouammar Kadhafi au lendemain de la prise de son village natal juste à côté. Le Conseil national de transition (CNT), l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend désormais la chute de l'ensemble de la région de Syrte, ville côtière à 360 km à l'est de Tripoli, théâtre de combats meurtriers depuis le 15 septembre, pour proclamer la « libération » totale du pays. La route côtière à l'ouest de Syrte était bloquée dans la matinée par des dizaines de véhicules remplis de civils désespérés, leurs véhicules débordant d'affaires personnelles. Farak Moussa, qui a réussi à faire tenir huit membres de sa famille, des matelas et des valises dans son minibus, a expliqué que la violence des combats l'a poussé à prendre le risque de fuir, malgré la propagande. « Nous avions peur de sortir car les (gens de Kadhafi) nous ont dit que le CNT nous couperait la tête. Mais nous ne pouvions plus rester à cause des bombardements. Nous devions prendre le risque. Pourquoi est-ce que l'Otan nous bombarde? », a-t-il demandé à un barrage à 10 km à l'ouest de Syrte. Des milliers d'habitants ont déjà fui la ville depuis l'assaut donné le 15 septembre par les forces du CNT pour en prendre le contrôle. Lundi, les combattants des nouvelles autorités ont pris le contrôle du village de Qasr Abou Hadi, où Mouammar Kadhafi serait né sous une tente bédouine en 1942, une victoire symbolique dans leur lutte pour éradiquer l'héritage de l'ancien dirigeant resté pendant près de 42 ans au pouvoir. Après une semaine de combats acharnés dans ce village situé à 20 kilomètres au sud-est de Syrte, des rafales de tirs sporadiques résonnaient encore mardi dans la localité, vidée de sa population et où des combattants pro-CNT poursuivaient des opérations de nettoyage. Ces combattants ont pris le contrôle d'une importante base des forces pro-Kadhafi, abritant une brigade autrefois sous les ordres de Saadi Kadhafi, l'un des fils du « Guide » déchu, aujourd'hui réfugié au Niger. « Cette base est un peu le Bab al-Aziziya (QG de Kadhafi à Tripoli) de Syrte, sa prise représente pour nous un succès majeur », s'est félicité le commandant pro-CNT Salah Buhlega. « Après-demain, vous pourrez célébrer la victoire avec nous dans le centre-ville », a affirmé ce commandant. En fin d'après-midi, les combats se poursuivaient au nord-est de Syrte. Le rond-point marquant l'entrée est de la ville était sous le feu des pro-Kadhafi, disséminés dans des immeubles en construction à environ 2 km.