Les marchés ont continué leur glissade mardi face aux nouvelles incertitudes autour du sauvetage de la Grèce et à la perspective d'une contribution plus importante que prévu des créanciers privés du pays, alors que la crise de la dette est en passe de faire tomber une première banque, Dexia. L'établissement franco-belge, qui avait déjà échappé de peu à la faillite lors de la crise financière de 2008, a annoncé dans la nuit des mesures qui pourraient aboutir à son démantèlement, ce qui a fait s'effondrer son cours de Bourse mardi à des niveaux historiquement bas, sous 1 euro. Dexia avait déjà été restructurée après la crise financière de 2008. Elle devient la première banque de la zone euro à faire concrètement les frais de la crise de la dette qui la prive des liquidités dont elle a besoin et l'asphyxie financièrement. Sur les Bourses, le marché grec a plongé de 6%, Paris a terminé en baisse de 2,61% et Francfort en baisse de 2,98%. L'euro a évolué mardi autour de 1,32 dollar, à son plus bas niveau depuis neuf mois. Les investisseurs craignent plus que jamais un défaut de paiement de la Grèce. Il y a un risque « très élevé » que les finances publiques grecques « déraillent » et qu'on ne puisse éviter la propagation de la crise, a estimé le ministre suédois des Finances Anders Borg en marge d'une réunion mardi avec ses homologues européens à Luxembourg. Réunis lundi et mardi à Luxembourg, les ministres des Finances de la zone euro puis de l'ensemble de l'Union européenne ont ravivé les craintes de voir la Grèce faire faillite dans les semaines qui viennent. Ils ont tout d'abord repoussé la décision sur le déblocage de 8 milliards d'euros de prêts internationaux dont Athènes a besoin pour éviter la faillite et ont laissé entendre que le plan de sauvetage, défini en juillet dernier, devait être remanié pour prendre en compte les nouvelles conditions de marché. Une décision finale est attendue dans le courant du mois d'octobre en vue d'un versement en novembre. Les pays ayant adopté l'euro attendent les conclusions des bailleurs de fonds de la Grèce (Commission européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international), actuellement à Athènes pour passer au crible ses efforts. L'Eurogroupe a aussi exigé de nouvelles économies et privatisations de la part d'Athènes pour combler les trous budgétaires attendus en 2013 et 2014. Ce qu'a fraîchement accueilli Athènes, confronté à la grogne sociale de la rue. Il n'est pas nécessaire de prendre « de nouvelles mesures » de rigueur, « à condition que les mesures déjà annoncées s'appliquent », a répliqué son ministre des Finances, Evangelos Venizelos. Concernant le deuxième plan d'aide à la Grèce, qui comprend une participation des banques créancières du pays, il pourrait subir « des révisions techniques », selon les termes de M. Juncker. Autrement dit, il faudra peut-être qu'elles subissent une décote plus importante que les 21% prévus sur la dette grecque qu'elles détiennent, même si aucun chiffre n'a été avancé publiquement. Dans ce contexte, le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a mis en garde mardi contre un défaut de paiement de la Grèce sur l'économie des Etats-Unis. « Dans le cas d'une défaillance non organisée (de la Grèce) qui entraînerait des paniques visant d'autres titres de dette publique, des défaillances d'autres Etats ou des tensions sur des banques européennes, cela créerait une instabilité sur les marchés financiers mondiaux qui aurait un effet considérable sur notre système financier et notre économie », a-t-il déclaré. L'Union monétaire est plus que jamais sous pression pour trouver une solution qui dépasse le seul cas grec. Après les Etats-Unis, qui l'incitent depuis des semaines à renforcer encore plus son Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour les pays fragiles, le Japon, inquiet de voir le yen à des niveaux historiques, a appelé les Européens à « appliquer rapidement le plan d'aide à la Grèce ». En réponse à ces appels, l'Eurogroupe s'est contenté lundi soir de confirmer qu'il envisage d'accroître la force de frappe du FESF pour le rendre plus « efficace » sans toutefois en augmenter le volume.