Belle initiative que celle de consacrer un numéro spécial sur le cinéma algérien même moribond... «Quarante ans de cinéma algérien» est un numéro spécial édité par le commissariat général, Djazaïr, Une année de l'Algérie en France. Un catalogue de bonne facture qui met l'accent, comme son nom l'indique, en textes et en images sur la production cinématographique algérienne qui a marqué les 40 dernières années. «Née dans les maquis de la Guerre de libération nationale, la cinématographie algérienne a suivi, sinon épousé étroitement les évolutions du pays, pour le meilleur et pour le pire», lit-on dans l'édito qui bat en brèche l'idée selon laquelle «on a beaucoup valorisé artificiellement le nombre de «films de guerre algériens». A partir de 1970, le cinéma algérien prend une nouvelle tournure et épouse les préoccupations de la société actuelle. «Le statut de la femme, l'humour, le quotidien des gens, l'amour, l'affrontement entre le riche et le pauvre, tout ce qui se joue dans la vie réelle, devient un sujet de fiction dans un pays encore jeune mais qui va vivre». Mais la terreur s'installe et le cinéma en prend un coup. Les cinéastes algériens se tournent ainsi vers l'Europe, en attendant des jours meilleurs. Cependant, nous faisons remarquer dans l'édito «les films que le public en France va voir durant Djazaïr 2003 ne sont pas la somme de 40 années de cinéma (...) les années, à qui l'hospitalité et l'amour du cinéma sont offerts douze mois durant, font un tour de France par la volonté et le désir des responsables des festivals, des salles, d'associations, d'institutions, de personnalités qui ont fortement et dans certains cas, courageusement voulu, faire une fête à l'Algérie». Parallèlement à cela, des hommages sont programmés, l'un à l'homme à la palme d'or, M.L.Hamina et l'autre, à notre valeureux Rouiched, qui a tout fait, la chanson, le théâtre, la TV et le cinéma, il a été et restera très proche du peuple. Difficile de le remplacer dans notre coeur. Au sommaire de ce catalogue, également, une profonde réflexion sur le désengagement de l'Etat à produire des films de cinéma. Un article intitulé La fin du tout-Etat, signé, Abdou B., responsable du département cinéma au commissariat de l'Année de l'Algérie en France. Des dates et repères accompagnent le texte et illustrent ces propos. Dans Un imaginaire guerrier entre censure et lassitude, Abdelmadjid Merdaci retrace le parcours du film de guerre, en citant de nombreux films, dont certains, à l'image de «Hassan Terro» ont su rendre compte, par le biais de l'humour, «La mémoire douloureuse» des Algériens. D'autres sujets, toujours liés au cinéma algérien, sont traités, notamment son «exil» ou comment a-t-il fini par être produit et réalisé sous «d'autres enseignes», d'autres cieux, la difficile aventure du documentaire et courts métrages algériens... Plein feu également sur les deux hommes emblématiques du cinéma algérien, cités ci-dessus, Hamina et Rouiched, dont la vie et l'oeuvre sont retracées minutieusement. Par ailleurs, le commissariat avertit: «Les films présentés dans les pays qui suivent, ne sont pas la totalité de la production algérienne mais ils reflètent l'esprit et la diversité. Ils ont été choisis par les directeurs des nombreux espaces d'accueil dont beaucoup ont fait le déplacement à Alger en 2002. De nombreux films tournés en France, par des cinéastes algériens, choisis pour Djazaïr 2003, ne figurent pas dans ce catalogue (...) Les films réalisés en Algérie et ceux tournés à l'étranger sont donc programmés ensemble pour refléter dans la diversité et les options esthétiques, la créativité et le talent des cinéastes algériens.» Le catalogue se reforme sur des fiches techniques de quelques films ayant marqué chaque décennie, l'histoire du cinéma algérien, de 1960 à nos jours.