L'Arabie Saoudite a menacé de frapper d'une main de fer tout «fauteur de trouble» après des violences dans l'Est chiite du Royaume dans lesquelles des analystes saoudiens voient la main de l'Iran. La situation était redevenue calme hier à Awamiya, où les troubles lundi soir ont fait 14 blessés, dont 11 policiers d'après les autorités saoudiennes qui ont mis en cause des «fauteurs de troubles» à la solde d'un pays étranger, dans une allusion voilée à l'Iran. «L'Iran tente d'exporter ses problèmes, de se venger de ce qui s'est passé à Bahreïn, et d'alléger la pression sur la Syrie», a estimé Anouar Eshki, directeur du centre des études sur le Proche-Orient basé à Jeddah. Pour Abdel Aziz al-Sager, directeur du centre des études pour le Golfe, l'implication de l'Iran ne fait pas de doute. «Les autorités saoudiennes ont des preuves de l'implication de l'Iran, et ont notamment intercepté des appels téléphoniques de Téhéran». «Il s'agit d'un message de l'Iran aux pays du Golfe (...) Téhéran va tenter de provoquer une escalade à Bahreïn et dans l'Est de l'Arabie Saoudite pour compenser la perte d'un allié stratégique», à savoir la Syrie, a-t-il affirmé. Le ministère saoudien de l'Intérieur a accusé dans un communiqué au ton extrêmement ferme des «fauteurs de troubles agissant à l'instigation d'un pays étranger visant à déstabiliser» le Royaume d'avoir provoqué les affrontements. Les autorités vont «frapper d'une main de fer toute personne» qui chercherait à déstabiliser le royaume, a prévenu le ministère, affirmant que les «fauteurs de troubles» devaient choisir «entre leur loyauté à leur pays ou à cet Etat et sa marjaïya (la plus haute autorité religieuse chiite)». La majorité des quelque deux millions de chiites saoudiens vivent dans la province orientale et se plaignent de discriminations. C'est la première fois que des troubles sont signalés dans l'Est de l'Arabie Saoudite depuis des manifestations à la mi-mars pour protester contre l'aide militaire saoudienne à la répression de la contestation dirigée par les chiites dans le royaume voisin de Bahreïn. L'entrée de troupes saoudiennes et d'autres pays du Golfe à Bahreïn avait provoqué une vive tension entre l'Iran, dont la population est à majorité chiite comme celle de Bahreïn, et l'Arabie Saoudite. Lundi, neuf policiers ont été blessés par balle et deux autres par des cocktails Molotov, dans les affrontements, tandis qu'un civil et deux femmes ont été blessés par balle, selon le ministère saoudien de l'Intérieur. Une vidéo mise en ligne sur Internet montrait hier des groupes de jeunes masqués affrontant la police dans les rues de la localité, alors que le bruit des balles était clairement entendu. Une autre vidéo postée sur YouTube montrait des manifestants scandant «A bas Mohammed ben Fahd», fils de l'ancien roi Fahd ben Abdel Aziz et gouverneur de la province orientale, riche en pétrole, où se concentre la minorité chiite. La situation était calme hier dans la localité, a indiqué Ibrahim Al-Mugaiteeb, président de l'organisation Human Rights First en Arabie Saoudite. Il a cependant souligné que «c'est la première fois que des armes sont utilisées», indiquant que par le passé des manifestants s'étaient bornés à «lancer des pierres et quelques cocktails Molotov» sur la police.