Position n Un influent cheikh chiite a condamné le recours à la violence au lendemain de heurts entre manifestants et forces de l'ordre dans une localité chiite de l'Est de l'Arabie saoudite, qui ont fait 14 blessés. Lors d'un prêche hier soir dans la mosquée de Awamiya, mis en ligne sur internet, cheikh Nimer al-Nimer a affirmé qu'il «n'est ni dans notre intérêt ni de nos coutumes» d'avoir recours à la violence «pour obtenir nos droits politiques et religieux». «Notre position n'est pas de répondre aux balles par les balles, car la parole est plus forte que les armes», a encore dit le dignitaire religieux qui s'adressait à la population de Awamiya, théâtre lundi soir de troubles. Il a accusé les autorités d'avoir ‘'provoqué'' les habitants en «tirant dans les rues pendant des heures», mais appelé dans le même temps les jeunes à «garder leur sang-froid» et à ne pas sortir "masqués" pour affronter les forces de sécurité. Selon des témoins , des habitants d'Awamiya se sont rassemblés devant le poste de police, afin de protester contre l'arrestation de deux sexagénaires, interpellés pour pousser leurs deux fils accusés d'avoir participé à des manifestations au printemps à se rendre. Les deux hommes ont été libérés mais la police a arrêté un militant des droits de l'homme, Fadel al-Manassef, qui venait au poste de police pour s'informer de ce qui se passait, puis un autre homme venu prendre des nouvelles du militant. Fadel al-Manassef a récemment passé quatre mois en prison pour avoir participé à des manifestations anti-gouvernementales à Qatif (Est). Les autorités saoudiennes avaient annoncé que 14 personnes, dont 11 policiers, avaient été blessées à Awamiya lors de heurts entre les forces de l'ordre et des «fauteurs de troubles» à «la solde d'un pays étranger». Après la dispersion par les forces de l'ordre «d'un groupe de fauteurs de troubles», «des tirs d'armes automatiques ont visé des membres des forces de sécurité», selon le ministère de l'Intérieur. Neuf policiers ont été blessés par balles et deux autres par des cocktails Molotov, tandis qu'un civil et deux femmes ont été blessés par balles, selon le ministère. La majorité des quelque deux millions de Chiites saoudiens vivent dans la province orientale riche en pétrole et se plaignent de discrimination. C'est la première fois que des troubles y sont signalés depuis des manifestations à la mi-mars pour protester contre l'aide militaire saoudienne dans la répression d'un mouvement de contestation dirigé par les Chiites dans le royaume voisin de Bahreïn. Les autorités saoudiennes vont «frapper d'une main de fer toute personne» qui chercherait à déstabiliser le royaume, a prévenu le ministère, affirmant que les «fauteurs de troubles» devaient choisir «entre leur loyauté à leur pays ou à cet Etat et sa marjaiya (direction religieuse chiite)».