Aucun nouveau contrat pétrolier ne sera conclu en Libye tant qu'un gouvernement n'aura pas été formé à l'issue d'élections, a déclaré mercredi à Tripoli le ministre des Finances et du Pétrole du Conseil national de transition (CNT), Ali Tarhouni. «Il n'y a pas de nouveaux contrats pendant cette période transitoire, ni pour Total, ni pour aucune autre compagnie», a déclaré M. Tarhouni à la presse à l'occasion de la visite en Libye d'une délégation de 80 entreprises françaises. «Le seul gouvernement qui puisse accorder de nouvelles concessions pétrolières est un gouvernement élu et cela interviendra une fois que nous aurons une Constitution», a-t-il ajouté. Le CNT, l'ex-rébellion qui a renversé le régime Kadhafi, attend désormais la chute de Syrte, bastion pro-Kadhafi symbolique, pour proclamer la «libération totale» du pays et reprendre ses discussions en vue de former un gouvernement chargé de gérer la transition jusqu'à des élections générales. La production pétrolière de la Libye, actuellement remontée à 400.000 barils par jour après être tombée presque à l'arrêt du fait des violences, devrait atteindre environ 600.000 b/j d'ici à la fin de l'année et approcher le million à la fin du premier trimestre 2012, a précisé le président de la NOC (National Oil Corporation), Nouri Berruien. «Nous visons un retour à nos niveaux précédents de 1,6/1,7 million de b/j d'ici, nous l'espérons, fin 2012», a-t-il ajouté. Si certaines installations ont été endommagées pendant l'insurrection, «les pires dégâts ont été commis au cours des 42 ans» de pouvoir de Mouammar Kadhafi, a-t-il estimé, déplorant qu'"un pays comme la Libye importe 60% de son Essence». Les deux prochaines années verront «d'intenses activités d'exploration» nécessitant de «très grands investissements mais avec des retours très importants», a déclaré M. Berruien devant les industriels français du pétrole. «Le critère de toute négociation commerciale (...) sera le principe de l'intérêt du peuple libyen, aucun autre critère n'est plus important», a ajouté M. Tahrouni, après avoir remercié la France pour son soutien face à M. Kadhafi. Le deuxième critère sera «la transparence», a-t-il aussi prévenu. «Nous avons eu assez de corruption et de dilapidation des biens publics», a-t-il lancé. Parmi les 80 entreprises présentes mercredi à Tripoli, les secteurs de l'énergie, du BTP et des transports, étaient largement représentés avec également l'agroalimentaire, les télécommunications, la sécurité, l'urbanisme et l'aménagement du territoire, la santé, la banque, l'eau et l'environnement. Onze entreprises pétrolières et gazières dont Total, Technip, GDF Suez Exploration et Production ont participé aux rencontres.