Leur moyenne d'âge varie entre 8 et 20 ans. La misère les contraints à faire ce «métier» difficile. Les cheveux hirsutes, les vêtements en haillons, mais le regard jovial et un rien goguenard, ils écument les autoroutes. On les surnomme les vendeurs de pain, plutôt «les enfants du littoral». Allez savoir pourquoi! Leur endroit de prédilection est généralement Douaouda Marine, Fouka ou la route de Tipasa. Leur travail consiste à vendre de la galette maison, que l'on appelle communément «khobz matlôu». «Si nous vendons du pain c'est pour subvenir aux besoins de la maison», nous dira Rabéa, accompagnée de sa soeur Zohra ( la première âgée de 11 ans en 6e année et la seconde à peine 8 ans en 2e année primaire). Ils sont près d'une centaine d'enfants, peut-être plus, garçons et filles, debout tenant à la main pendant des heures, sans se lasser, leur unique et seule ressource journalière, du pain fait maison. Lors de notre virée à Bouharoun, nous les avons contemplés. Ils sont là, pendant des heures et des heures, à faire le pied, de grue sous un soleil impitoyable. Ils sont là, attendant avec patience, sur le bas-côté d'une autoroute isolée qu'un des véhicules daigne bien stationner pour leur acheter quelques galettes. «Êtes-vous obligés de vendre du pain, et votre papa où se trouve-t-il pendant ce temps? N'a-t-il pas peur pour vous dans cet endroit isolé?», leur avons-nous demandé: «Mon père souffre d'un asthme et ma mère ne travaille pas, quant à mes frères, lorsque l'occasion se présente, ils bricolent ici et là, mais c'est insuffisant au regard des besoins de tous les membres de ma famille» Et d'ajouter: «Nous sommes dix à la maison», nous répliqua Zohra la cadette. Rabéa et Zohra nous font savoir que vendre du pain ne se fait pas occasionnellement, c'est-à-dire uniquement lors des vacances d'été, mais toute l'année, notamment pendant la rentrée sociale. Visiblement, ce genre de commerce, même s'il n'est pas rémunérateur, demeure toutefois un paliatif et l'une des plus importantes sources de revenus de ces enfants. «En une journée, je vends prés de 40 pains de matlôu à raison de 25 DA», nous dira Rabéa.