Hollande (avec sa concurrente Martine Aubry) semble être sur la trajectoire de potentiel présidentiable. Les deux finalistes abordent demain dans une hostilité réciproque, le second tour du scrutin pour lequel François Hollande reste favori devant Martine Aubry. Le ton est monté alors que François Hollande, 57 ans, défenseur de la rigueur de gauche, arrivé en tête au premier tour, a marqué des points après être apparu menacé par Martine Aubry, 61 ans, plus ancrée dans la tradition de gauche. Conforté par les sondages - le dernier lui attribue 53% des suffrages - et le ralliement des quatre candidats éliminés au premier tour, M.Hollande est sorti hier de sa réserve après avoir été soumis à des attaques en règle de sa rivale à l'approche du scrutin. Accusé de représenter une «gauche molle» et d'utiliser des «termes de droite», il s'est attaché à démolir sa concurrente qui l'a taxé jeudi soir de «candidat du système» médiatique et des sondages. Croire que «quand on montre de l'agressivité on montre du caractère, eh bien non», a-t-il répliqué sur la chaîne de télévision BFM-TV. «Moi je ne participe pas à ce dénigrement», l'autorité «c'est montrer qu'il y a un chemin, être capable de lever une espérance et pas d'être agressif». Le débat entre les candidats était resté jusque là plutôt respectueux, voire ennuyeux, avec la volonté pour chacun de préserver l'union au sein du Parti socialiste qui voit dans l'élection de 2012 la possibilité de reprendre la présidence qu'il n'a pas gagnée depuis 1988. Toute la semaine, l'ancien patron du PS pendant 11 ans et celle qui lui a succédé à ce poste en 2008 ont essayé de montrer leurs différences, notamment lors d'un débat télévisé mercredi très suivi (6 millions de téléspectateurs). Mais ce sont surtout les convergences qui sont apparues, tous deux étant les tenants d'un réformisme de gauche qui accepte les contraintes budgétaires et place la justice sociale en tête des priorités. Du coup, les passes d'armes ont porté sur la personnalité. Mme Aubry, qui se prévaut d'être claire et déterminée, s'est attachée à décrire un rival «mou» et «flou». M.Hollande, qui se présente en «rassembleur» au-dessus de la mêlée, a tout fait pour donner de sa concurrente l'image d'une femme autoritaire et porteuse de division. Hier, le camp Hollande criait au «dérapage» de Martine Aubry, l'accusant d'utiliser le langage «de l'extrême droite». «J'assume ce que j'ai dit», a-t-elle riposté sur la radio France Inter, demandant à nouveau aux Français de ne pas se «laisser impressionner par les sondages». Arithmétiquement, François Hollande semblait hier en mesure d'emporter haut la main le second tour de cette primaire inédite à l'américaine où tous les sympathisants de gauche peuvent voter. Mais la prudence reste de mise pour le député de Corrèze (centre) qui, donné grand favori, s'était retrouvé fragilisé à l'issue du premier tour. L'écart avec sa rivale s'était révélé moins important que prévu (39% contre 30%). Et il s'était retrouvé menacé par le score important réalisé par le troisième homme Arnaud Montebourg (17%), tenant de l'aile gauche du parti. Après avoir tenté de monnayer son soutien en demandant des engagements sur le protectionnisme ou le contrôle des banques, M.Montebourg a finalement indiqué hier qu'il ne donnerait «pas de consigne de vote» mais qu'«à titre personnel» il voterait pour François Hollande. Selon un sondage du Figaro, ses électeurs se reporteraient de façon presque égale entre les deux. M.Hollande a aussi reçu le soutien crucial de son ex-compagne Ségolène Royal (7% au premier tour), qui a, malgré les querelles privées des dernières années, appelé mercredi à voter pour le père de ses quatre enfants. Le PS espère susciter demain la même mobilisation qu'au premier tour (2,66 millions de votants). Mais la clé de la réussite pour le parti sera dès lundi de se montrer uni pour affronter le candidat de la droite en avril et mai 2012, vraisemblablement Nicolas Sarkozy.