«Nous avons ras-le-bol de toutes ces promesses sans lendemain; nous voulons des mesures concrètes», a déploré un jeune universitaire en chômage. Ce dernier a ajouté que «les jeunes des temps actuels attendent des mesures palpables qui se traduisent effectivement sur le terrain et non pas des paroles en l'air». Voilà donc comment les habitants de Hadjaj ont expliqué la violence qui a failli coûter cher à leur commune lorsque plusieurs bâtisses de cette dernière ont été ciblées mercredi soir. Le chef-lieu de la commune de Hadjadj a failli sombrer sous les effets de la colère citoyenne déclenchée subitement mercredi soir, et ce, des suites de la mort triédrique de 5 harragas qui ont péri au large des côtes espagnoles de Cartagéna. «La tragédie a eu lieu le 6 du mois en cours. Depuis, hormis les engagements non exécutés des responsables locaux quant à rapatrier les corps de nos morts, aucune suite n'a été donnée», ont expliqué amèrement plusieurs autres habitants. Et d'autres d'ajouter: «Nous voulons enterrer nos fils dans leur terre natale. Qu'attendent ces responsables, qui ne cessent de nous berner, pour faire venir les dépouilles d'Espagne?». Quoique le calme relatif est perceptible, la colère des habitants est à son comble, et ce malgré la présence renforcée des brigades anti-émeute dépêchées à partir des communes limitrophes. En dépit des mesures draconiennes entérinées et mises à exécution par les pouvoirs publics, le dossier de la Harga n'est pas près de connaître un épilogue heureux étant donné que ses conséquences sont de plus en plus dramatiques, créant des mécontentements citoyens dont les réactions sont de plus en plus brutales, allant jusqu'à l'éclatement de violentes émeutes. Mercredi soir, la commune paisible de Hadjadj, dans la wilaya de Mostaganem, a été le théâtre d'énervement citoyen sans précédent: plusieurs dizaines de jeunes, en furie, ont violemment attaqué la bâtisse abritant le siège de leur commune. Dans leur action, les manifestants se sont également attaqués à d'autres bâtisses étatiques, comme l'enceinte de la poste qui a été sérieusement endommagée. Idem pour le parc communal et un café appartenant à un notable de la ville. Une station d'essence, un lycée et un CEM, une bibliothèque communale fraîchement inaugurée et un centre culturel ont connu des préjudices très importants tandis que la maison d'un député, appartenant à un parti membre de l'alliance présidentielle, n'a dû son salut qu'à l'intervention de plusieurs adultes. Le ton est à la prudence étant donné que toute déclaration pourrait rallumer l'ire des habitants de Hadjadj. Jeudi matin, la ville, quoiqu'elle gardait encore les stigmates de la colère de la veille, le premier responsable de la capitale du Dahra a animé une conférence de presse à travers laquelle il est longuement revenu, tout en les énumérant, sur les dégâts subis par plusieurs édifices publics. Dans sa rencontre avec les journalistes, il a annoncé l'arrestation, en flagrant délit, d'une trentaine de personnes dont plusieurs étaient en état d'ivresse et d'autres étaient constitués de récidivistes connus par les services de la police. En somme, «la nuit noire de Hadjadj» a été déclenchée par l'accumulation des problèmes sociaux dont souffrent les populations locales, comme le chômage qui frappe la catégorie juvénile et l'absence de toute initiative la visant. Les responsables locaux auraient pu être plus judicieux et intelligents en anticipant la colère citoyenne puisque celle-ci aurait été auparavant annoncée sur le réseau social de Facebook.