Le rêve d'élections libres et transparentes était irréalisable il y a 23 ans, mais il est devenu possible aujourd'hui grâce au peuple tunisien et à ses sacrifices. Bastion du soulèvement dans le Monde arabe, premier pays où le président a été chassé du pouvoir, la Tunisie est encore le premier pays qui organise des élections libres durant ce Printemps arabe. Les Tunisiens sont face à un autre défi consistant à organiser une élection libre et transparente. Un défi qui était impossible et irréalisable, il y a 23 ans. L'impossible est devenu réalisable. Aujourd'hui, c'est un rêve pour chaque Tunisien, qui remplit les conditions de participer d'une façon démocratique à édifier l'avenir politique de son pays. Ce grand acquis a été réalisé grâce à la volonté du peuple et à ses sacrifices. Chaque électeur aura certainement une pensée, dans un petit coin de sa tête, en la mémoire de feu Mohamed Bouazizi qui était à l'origine du soulèvement des Tunisiens. Qui ne se souvient de ce vendeur ambulant de fruits et légumes qui s'est immolé par le feu pour manifester contre le chômage, l'injustice, la dictature et le pouvoir des policiers durant le règne de Zine El Abidine Ben Ali? Tout a commencé à la mi-décembre de l'année dernière, lorsque le défunt Bouazizi s'est suicidé par le feu. Au lendemain de ce geste, des témoignages affirmaient que son geste a été motivé après une prise de bec avec une policière qui l'aurait giflé. Le temps a innocenté l'inculpée, Fédia Hamda, qui a eu gain de cause devant les tribunaux tunisiens. Elle a obtenu un non-lieu et été libérée par la suite. Le peuple tunisien n'avait pas pardonné un tel geste. Les manifestations prenaient de l'ampleur au fil du temps et se propageaient pour toucher toute la Tunisie. Au Palais de Carthage, la peur s'est installée. Le président Ben Ali voyait le danger venir. Il décida de s'adresser à la rue dans l'espoir de calmer les esprits. Trois discours, trois déceptions. Les monts et merveilles promis par le président n'ont pas convaincu les manifestants qui réclamaient, alors, sa tête! Un message que le Raïs a bien reçu. «Je vous ai compris», a-t-il dit lors de son dernier discours avant de décoller, un certain 14 janvier, à destination de Djeddah en Arabie Saoudite, pour chercher un refuge politique. Des scènes de joie et de liesse dans tout le pays. Le dictateur est tombé. La Tunisie est libre. C'est le premier pays arabe qui a réussi à déchoir son président qui a régné durant 23 longues années. La bataille pour la succession a été déclenchée. Le peuple continua à demander la tête de tous les responsables et membres du gouvernement de Ben Ali. Après un long cafouillage, le but a été atteint. Tous les ministres de l'ancien régime et appartenant au parti du président déchu sont tombés. Après Ben Ali, et ses ministres, c'est le tour du RCD, parti au pouvoir, qui a été ciblé par les manifestants. Longue résistance, mais le parti a été dissous. Un autre acquis pour les manifestants. Mais, le consensus n'a toujours pas été trouvé en vue de la constitution d'un gouvernement d'union nationale. La justice a déclenché sa série de jugements contre les familles Ben Ali et Trabelsi. Même les hauts dirigeants de l'époque ont été appelés à la barre. Entre les jugements et le gouvernement d'union nationale, la vie politique a été dynamisée en Tunisie. La presse est libérée. La liberté d'expression est assurée. Les exilés politiques de retour au pays. Les prisonniers d'opinion ont été libérés. Plusieurs personnalités politiques ont emergé. De nouveaux partis sont agréés. Consultations et concertations en cascade entre le gouvernement provisoire et les partis politiques. Un consensus a été trouvé pour l'organisation d'élections libres pour mettre en place une Assemblée constituante chargée d'élaborer une nouvelle Constitution. Le rendez-vous est fixé pour le 23 octobre alors que le début de la campagne électorale était annoncé pour le 1er du même mois. Aujourd'hui, plus de 7 millions d'électeurs sont appelés à élire les 217 membres d'une Assemblée constituante.