Les deux opérations kamikazes d'hier semblent une réponse au raid israélien de vendredi contre Naplouse Les deux attaques kamikazes d'hier contre la ville israélienne de Rosh Aïn et contre la colonie juive d'Ariel en Cisjordanie, sont à peine une surprise et sont la conséquence directe du raid sanglant de l'armée israélienne d'occupation, vendredi, contre Naplouse et le camp de réfugiés d'Askar dans la périphérie de cette ville. Présentée par les autorités israéliennes comme une opération «ponctuelle», le bombardement du camp palestinien aura été surtout la mise à profit de l'accalmie actuelle pour une tentative de neutralisation de résistants et de militants palestiniens. Lors de ce raid, deux responsables du mouvement Hamas ont été tués. Le mouvement du Cheikh Ahmed Yassine avait alors promis que cet assassinat aura une suite. Quoique les deux actions kamikazes n'aient pas été immédiatement revendiquées en fin de matinée d'hier, un communiqué de la branche militaire de Hamas, les Brigades Ezzedine Al-Qassam, revendiquaient, tard dans l'après midi d'hier, l'opération de la colonie juive Ariel. Ces deux actions kamikazes ne sont pas formellement une rupture de la trêve décrétée le 29 juin dernier, mais, tout en la fragilisant, apparaissent comme un sérieux avertissement, d'autant plus qu'elles eurent lieu au moment où le sous-secrétaire d'Etat américain, chargé du Proche-Orient, Williams Burns, arrivait en Israël. En effet, prévue de longue date, cette visite devait permettre à M Burns de faire le point sur l'avancée de la «feuille de route» avec les dirigeants israéliens et palestiniens. De fait, Williams Burns arrive au Proche-Orient à un moment où les positions des deux parties se sont de nouveau radicalisées, particulièrement avec la prétention d'Israël d'être juge et partie qui multiplie, par ailleurs, les provocations envers les Palestiniens, notamment par la poursuite de la construction du mur qui, aujourd'hui, embarrasse la communauté internationale dans son ensemble, y compris les Américains qui font le dos rond face à ces provocations, incitant, en revanche, les Palestiniens à faire d'autres concessions, eux qui n'ont plus rien à céder. Depuis au moins deux ans, Israël a détruit systématiquement les infrastructures de l'Autorité palestinienne alors que ses services de sécurité constituaient l'une des cibles de l'armée d'occupation, mettant au contraire l'Autorité palestinienne dans l'impossibilité d'accomplir ses missions, Israël a rasé au bulldozer des centaines de maisons en Cisjordanie et à Ghaza, abattu des centaines d'oliviers, seuls biens des Palestiniens, privant ces derniers du logement et de l'olivier, seul apport, qui les faisaient vivre...Chacune des actions de ces dernières années, contre les Palestiniens, relevait de crimes contre l'humanité. Mais ces crimes sont commis dans l'indifférence générale de la communauté internationale, laquelle en revanche s'émeut à chaque action d'autodéfense des Palestiniens. En fait, pour les autorités israéliennes tous les Palestiniens, à commencer par M.Arafat, sont des terroristes, et que, ceci expliquant cela, les seuls bons Palestiniens sont des Palestiniens morts. C'est exactement ce que disent, d'une manière à peine édulcorée, les principaux responsables israéliens. Quand tout un peuple est aujourd'hui confiné, par Israël, à la qualité de terroristes, il est alors vain de vouloir construire une paix dont l'objectif clairement exprimé par Sharon, reste prioritairement la neutralisation de toute velléité nationaliste palestinienne. Condamnant les opérations kamikazes d'hier, le ministre palestinien délégué à la sécurité, Mohamed Dahlane, n'en souligne pas moins «Nous sommes contre toutes les opérations de ce type, mais une chose doit être claire: c'est Israël qui devrait être plus responsable et cesser ses opérations en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza». Réagissant, le porte-parole de Hamas, Ismail Haniyé a indiqué que son mouvement «était toujours engagé» par la trêve soulignant toutefois que «l'ennemi israélien est responsable de la situation parce qu'il a rejeté le cessez-le-feu et adopté une position dure». Réfutant cependant le communiqué attribué aux Brigades Ezzeddine Al-Qassam, par lequel ces dernières revendiquaient l'opération, le porte-parole de Hamas estime «qu'il est trop tôt pour dire qui est responsable de cette opération». Commentant le séjour de Williams Burns dans la région, Nabil Abou Roudeina, conseiller du président Arafat indique «Les réunions et les visites sont importantes, mais elles n'ont aucun impact si Israël n'applique pas la -feuille de route-, continue à construire le mur et refuse de se retirer davantage de territoires palestiniens». En fait, il est patent que le «mur» remet totalement en question, tout le processus de paix engagé avec Israël et le président Yasser Arafat, n'a pas manqué de le souligner revenant sur les intentions d'Israël, expliquant, dans un entretien au quotidien cairote Al Ahram, d'hier, que «Ce n'est pas une barrière de sécurité, contrairement aux affirmations israéliennes, c'est une barrière politique (...) destinée à faire d'un Etat palestinien quelque chose qui n'a rien à voir avec ce qu'il devrait être». Soulignant: «Israël a déjà pris 58% de la Cisjordanie. Ce qui reste aux Palestiniens c'est 42%, dans des cantons à Hébron, Jéricho, Ramallah, Naplouse, Jénine, dans les ghettos de Kalkiliya et de Tulkarem avec un -Mur de Berlin- autour de Jérusalem.» Sharon a toujours affirmé qu'il ne veut pas d'Etat palestinien aux côtés d'Israël et que la seule chose qu'il leur promet c'est de les enfermer dans des «bantoustans» solidement cadenassés par l'armée israélienne. Et c'est cette «oeuvre», qui ferme les portes à la paix, que mène sans relâche le leader du Likoud, Ariel Sharon, sous l'oeil à tout le moins complaisant de Washington et du président Bush qui, faut-il le souligner, a reçu, depuis son investiture, à huit reprises le chef du gouvernement israélien. Impuissante, la communauté internationale laisse faire, alors que les Nations unies, en dépit de leur association au plan de paix dit de la «feuille de route» semblent avoir perdu toute prérogative au Proche-Orient