Le pouvoir vient de réagir aux récentes révélations de la presse en brandissant la menace de suspension. Six quotidiens nationaux sont sommés, par des mises en demeure, de régler leurs créances au plus tard dimanche après-midi 17 août, faute de quoi, ils seront interdits d'impression. Plutôt que de s'expliquer sur les graves scandales qui touchent de hauts responsables de l'Etat, le pouvoir de M. Bouteflika, par l'entremise du Chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, use de subterfuges commerciaux pour sanctionner les journaux indépendants, coupables d'avoir révélé ces scandales et les faire taire pour longtemps. Le pouvoir, mis dos au mur, vient de bafouer la liberté d'expression que le Président Bouteflika s'est pourtant engagé publiquement et à maintes reprises à protéger et à respecter. Le procédé est grossier : il est exigé de ces journaux de s'acquitter de factures dont le règlement n'est pas encore arrivé à échéance. Le contrat, qui lie les journaux aux imprimeries stipule que le règlement se fait 60 jours fin de mois. Tout indique que les 6 journaux visés ne paraîtront pas à partir de lundi 18 août pour une période indéterminée. Réunis en session ouverte, les éditeurs alertent l'opinion publique sur ce risque d'étouffement de la liberté de presse en Algérie. Si le projet du pouvoir de M. Bouteflika devait aboutir, cela présagerait de pires reculs des libertés en Algérie. Les éditeurs se déclarent mobilisés pour défendre la libre expression chèrement acquise. Ils appellent à la solidarité de la corporation, de la société et de l'opinion nationale et internationale.