Notre journal n'a jamais été un mauvais payeur. Nous avons respecté les règles de commercialité basées sur la confiance. Le pouvoir a donc décidé d'actionner la machine commerciale pour faire taire les journaux qui dérangent. Liberté, à l'instar de 5 quotidiens nationaux, a reçu une mise en demeure, jeudi matin, pour payer la totalité des créances, au plus tard le dimanche après-midi. Faute de quoi, le journal sera suspendu, pour une période indéterminée. Clarifions une chose une fois pour toutes, Liberté n'a pas de dette vis-à-vis des imprimeries d'Etat. Nous avons des créances et nous nous sommes engagés à les honorer à temps, conformément aux conventions qui lient notre entreprise aux imprimeries. Ces conventions, en vigueur depuis des années, ont toujours été respectées et honorées par notre entreprise. Depuis des années, nous avons fonctionné sur des règles commerciales saines avec les imprimeries. Liberté s'est toujours fait un devoir d'honorer ses factures à jour. Bien mieux. Nous avons toujours payé rubis sur l'ongle nos factures. À jour. Nous n'avons jamais failli à cet engagement. Liberté n'a jamais été un mauvais payeur. Nous avons respecté les règles de commercialité basées sur la confiance. Evacuons donc l'argument fallacieux qui consiste à prétendre que nous avons failli à nos engagements financiers vis-à-vis de l'imprimerie. Venons-en à l'essentiel. L'essentiel est que la décision de menacer de suspendre les journaux cache une volonté politique de nous abattre. Le pouvoir veut nous faire taire. On ne veut pas faire payer à Liberté ses prétendues dettes, mais on veut nous faire payer notre ligne éditoriale. Nous dérangeons et pour nous bâillonner, quoi de mieux qu'une injonction de l'imprimerie. Quand le pouvoir de Ouyahia et de Bouteflika ne trouve pas d'arguments solides pour répondre aux scandales qui éclaboussent les hauts dignitaires de l'Etat, il recourt à la menace, à l'intimidation et à la censure commerciale. Hélas, on ne se refait pas ! En matière de récidive, Ahmed Ouyahia possède cette rare constance chez les hommes politiques d'être fidèle à sa réputation. Souvenons-nous, c'est bien sous le gouvernement de Ahmed Ouyahia que certains journaux ont été suspendus pendant plusieurs semaines. Et quel en était le prétexte ? Des factures impayées. Quelle en était la vraie cause ? Ces journaux suspendus en 1998 étaient coupables d'avoir révélé les forfaitures, les scandales qui avaient éclaboussé les dirigeants de l'époque. Nous sommes donc aujourd'hui face à un remake. Quand la presse révèle des scandales, quand elle lève le voile sur des affaires de corruption, quand elle dénonce l'injustice, elle commet un impair. Un délit. Le délit de la libre expression. Nous vivons aujourd'hui la même situation qu'en 1998. La presse révèle des scandales, le pouvoir se tait d'abord et ensuite prépare sa riposte. Et quelle est donc cette riposte ? Le chantage commercial. Payez vos créances dans l'immédiat ou vous disparaissez ! Payez tout de suite ou on ferme les colonnes de vos journaux ! Disons les choses clairement : nous refusons le chantage. Nous refusons une relation de travail basée sur l'esbroufe, la roublardise et la truanderie. Nous continuons à revendiquer le respect des règles commerciales. Mais aujourd'hui, il est clair que le combat se situe à un autre niveau. C'est le combat pour la liberté d'expression contre l'arbitraire et l'injustice. C'est le combat de la presse, de la société civile et des forces saines de la nation contre les potentats. Quant aux créances détenues auprès des imprimeries, cela reste une affaire de comptabilité. F. A. L'inter wilayas des Archs réagit “C'est une atteinte flagrante à la liberté de la presse” Avant la fin de ses travaux, l'Interwilayas, réunie à Raffour les 14 et 15 août 2003, a appris que six quotidiens (Liberté, Le Soir d'Algérie, Le Matin, L'Expression, El Watan et El Khabar) sont sommés d'acquitter leurs dettes, faute de quoi, ils cesseront de paraître à partir de lundi 18 août 2003. Il est évident que le mobile financier cache une sanction politique contre des journaux dont la ligne éditoriale ne sied pas au pouvoir maffieux et assassin. C'est somme toute une atteinte flagrante à la liberté de la presse. En outre, ce énième abus de pouvoir est perçu comme une opposition manifeste à toute volonté de changement dans le sens de la démocratisation du pays. Aussi, l'Interwilayas tient à manifester son indignation après cette décision antidémocratique et assure ces quotidiens de son soutien indéfectible en s'engageant aux côtés des journalistes pour toute action qu'ils jugeront utile d'entreprendre pour contrecarrer cet interdit. Ulac smah ulac Le combat continue