Une soixantaine de nations prennent part les 1er et 2 novembre à Londres à la première conférence internationale sur la cybercriminalité organisée à lÆinitiative de la Grande Bretagne pour mettre au point une stratégie commune de lutte contre ce fléau mondial. Des dirigeants politiques, des experts mondiaux, des représentants de compagnies de sécurité informatiques des cinq continents discuteront, deux jours durant, de la menace cybernétique et examineront les moyens d'établir un plan de défense commune pour relever le défi du piratage qui fait de plus en plus de ravages dans le monde. Le Royaume-Uni considère aujourd'hui que la menace de la cybercriminalité est aussi dangereuse que le terrorisme international et s'apprête, à travers l'organisation de cette réunion d'envergure, à mener une guerre «sans merci» à un phénomène qui met en danger sa sécurité et nuit à son économie, à coup de milliards de livres de pertes par an. La cybercriminalité coûte à l'économie britannique près de 27 milliards de livres Sterling par an, selon un récent rapport qui classe ce fléau parmi les quatre menaces les «plus dangereuses» à la sécurité nationale britannique. Les réseaux informatiques du gouvernement britannique sont ciblés quotidiennement par les espions étrangers. «Pas moins de 20.000 messages malveillants émanant d'espions étrangers atterrissent chaque mois sur les ordinateurs du gouvernement», a souligné récemment le ministre des Finances, M. Osborne. En accueillant cette conférence internationale, la Grande-Bretagne qui s'inquiète d'une menace croissante de l'espionnage informatique et la cybercriminalité, entend traiter résolument cette question. «La cyber-sécurité est traitée actuellement par quelque 30 organisations internationales, mais le débat n'a pas d'orientation», estiment les experts. Cette rencontre se tient dans une conjoncture marquée par la hausse de l'espionnage informatique dans le monde, parfois mené par des Etats au détriment d'autres qui ont peu ou prou de moyens de se protéger contre les crimes économiques. C'est dans ce contexte que le ministre britannique des Affaires Etrangères, William Hague, a pris l'initiative de tenir cette rencontre pour discuter essentiellement les possibilités et les défis dans le domaine. «Nous ne sommes pas à la recherche d'accords internationaux contraignants, mais nous souhaitons amorcer le début d'un dialogue autour de ces questions importantes», a dit M. Hague à la veille de la conférence. «l'Internet est en train de révolutionner la vie des gens, mais il est nécessaire de s'assurer que son développement soit pleinement exploité et canalisé dans la bonne direction», a-t-il ajouté. Selon lui, les efforts pour créer une politique commune de défense contre le piratage ont été «fragmentés et mal ciblés» et aujourd'hui, «tous les acteurs majeurs dans le cyberespace - pas seulement les gouvernements - doivent être impliqués pour forger une approche appropriée», a-t-il soutenu. La stratégie de lutte contre ce phénomène qui sera élaborée au cours de cette conférence recommande aux compagnies de renforcer leurs systèmes de protection. L'ordre du jour de la conférence portera également sur les moyens de combler le fossé numérique entre les pays développés et en développement. Bien que des progrès tangibles aient été réalisés au cours des dernières années en matière de connexion au réseau à travers le monde, «les deux tiers de la population mondiale n'ont toujours pas accès à l'Internet, notamment en Afrique ou le taux de connexion demeure très faible».