Le prince du raï surprend en se mettant au synthé pour un air oriental. Le 5 juillet 2003, journée de l'Indépendance de l'Algérie, a été marquée par le sceau de la musique et la générosité. C'est à l'occasion de la fête de l'Indépendance, que notre prince du raï a choisi, en effet, de se produire en un mégaconcert de solidarité dont l'entière recette sera versée aux sinistrés du dernier séisme du 21 mai 2003. C'est à l'amphithéâtre plein air du Sheraton Club des Pins, Resord and Towers qu'un public très nombreux a fait le déplacement afin de savourer les meilleurs tubes de notre génie d'artiste. Une foule de jeune gens, mais aussi quelques grappes de familles sur leur 31 sont venues se délecter d'une soirée placée sous le signe de la solidarité. Mais avant que la star daigne montrer le bout de son nez, c'est le groupe de rap Xrem qui animera la première partie du concert déchaînant la «faune» juvénile au bas de la scène avec «Défoulé» et «Zawali». Entracte musical, Mami se fait désirer. On fait patienter les gens en diffusant à pleins décibels des tubes des années 80. A chaque annonce de l'arrivée de Mami, c'est une fausse alerte. Le public surexcité, à la limite de la patience, crie de toutes ses forces. Des youyous fusent de partout. Son arrivée est imminente. La température monte d'un cran. Chemise bleu décontracté et paraissant plus mince, Mami fait son entrée sous le rythme d'Azouaou premières notes kabyles qui mettent d'emblée de l'ambiance. Il est 23h, l'amphithéâtre est plein à craquer. Sur un air celtique, on y danse, on y danse...Mami enchaîne ses plus beaux morceaux au grand bonheur de ses fans. Le raï, c'est chic met le public en ébullition. Mami sautille, danse, se trémousse. Il est visiblement heureux. Comme un poisson dans l'eau. Il est loin le temps où le jeune Mami se contentait simplement de chanter. Plus à l'aise, débridé Mami se lâche enfin et cela fait plaisir à voir. Il se laisse aller à ses folies. C'est le maître à «bord» sur scène. Place à la ballade avec Amri Madénith extrait de son dernier album Delali. Surprise, Mami se met au synthé et joue les premières notes de Zaâzaâ khatri sur un rythme typiquement oriental. Sans Kamel d'Alliance Ethnik, il nous sert avec ferveur, Comme ça sur un tempo disco repris en choeur par l'assistance. Encore une fois, sans Samira Saïd cette fois, interprète Youm wara youm. Mami fait un bond dans le passé et fouille dans son ancien répertoire: Sidi Taleb. Destination Afrique, l'âme gnawie s'élève. Les musiciens se mettent en avant de la scène incitant le public à frapper des mains dans une parfaite symbiose. L'autre titre chanté sans Sting, encore une fois, hélas, est bien entendu Désert Rose. Il est soutenu au refrain par un des musiciens. Mami a traduit une partie des paroles en arabe. Cela donne: «Zahra hamra, fi ouasd essahra». Un morceau planant. Il y a de la magie dans l'air sur Bladi, Mami fait monté sur scène un jeune découvert dans l'émission d'Amina Turbo Music (Alger Chaîne III). Un duo d'enfer. Yacine, le jeune garçon avec un peu de tract, chantera admirablement, sa voix rappelle celle de Mami. A encourager en tout cas. Le temps file. Il est bientôt une heure du matin. Après Fatma qui secouera bien le public, Mami clôt cette superbe soirée avec Djamel Allam, veste et pantalon en cuir noir en reprenant Marad dyoughal. Un régal, un duo d'anthologie fortement apprécié. Djamel Allam confirmera à nouveau, son entière disponibilité à venir en aide aux «victimes du séisme» qu'il préfère appeler ainsi, plutôt que «sinistrés» car le terme est lui-même «sinistre» dit-il. «Comme le gendarme qui fait son travail, on est là pour être utile, au service des gens. Rendre au public ce qu'il nous a donné. Le fait de nous aimer, de venir à nos concerts, de chanter nos chansons. On lui doit bien ça», confie l'artiste Djamel Allam. Contrairement à ce qui a été annoncé dans le communiqué émanant du Sheraton, les amis de cheb Mami n'ont été réduits qu'à un seul artiste en la personne de Djamel Allam et un simple groupe de rap inconnu au «bataillon». On se demande où est passé le reste de ses «amis», dits artistes et notamment ceux qui devaient animer également la soirée en l'occurence Faudel, Gad El Maleh...de la poudre aux yeux pour attirer plus du monde? Une bulle de suprise qui s'est avérée vide.