Le gouvernement chinois agit «au mépris de la morale et de la Justice», a déclaré mercredi l'artiste contestataire Ai Weiwei, au lendemain de sa mise en demeure par les autorités fiscales de régler une somme de 15 millions de yuans (1,7 million d'euros). Le sculpteur, peintre, architecte et plasticien a lancé cette accusation dans un message sur Twitter, le service de microblogs qui est censuré en Chine. «Tous les ministères de cette Nation, les hommes et les femmes qui en font partie, n'éprouvent aucune honte à devenir les outils de la persécution du pouvoir politique», a aussi écrit Ai Weiwei, qui a récemment été détenu au secret pendant trois mois, officiellement pour évasion fiscale. Il s'est dit «choqué» et «impuissant» après avoir été sommé de payer 1,7 million d'euros au fisc, une mesure selon lui destinée à le «briser». «Durant mes 81 jours (de détention), les policiers ne faisaient référence qu'à ma subversion du pouvoir de l'Etat. Je suis donc très surpris qu'aujourd'hui ils évitent de parler politique pour mettre en avant cet impôt», avait relaté lundi Ai Weiwei, artiste touche à tout et dissident qui ne ménage pas ses critiques contre le Parti communiste chinois. «L'avertissement dit que j'ai 15 jours pour régler», avait-il poursuivi. «Si on ne paie pas, ils peuvent vous jeter en prison, éventuellement pour une durée allant jusqu'à sept ans». Ai avait été détenu dans un lieu inconnu de début avril à fin juin, ce qui avait soulevé une vague d'indignation à travers le monde. Il vit depuis sous surveillance, sans pouvoir quitter Pékin. «Cela montre que l'Etat peut arrêter n'importe qui ayant une opinion politique différente, puis utiliser par exemple un argument fiscal pour en faire un délinquant ou le briser», avait déclaré lundi l'artiste. L'Allemagne a accusé mardi Pékin de «persécution» à l'égard d'Ai Weiwei dont une exposition photographique retraçant la période new-yorkaise (1983-1993) se tient jusqu'en mars 2012 dans le musée berlinois Martin-Gropius-Bau. La procédure à son encontre «donne une nouvelle fois l'impression d'une persécution arbitraire des citoyens contestataires», a expliqué Markus Löning en charge des droits de l'Homme auprès du ministère allemand des Affaires étrangères dans un communiqué.