Le défunt colonel Sadek Dehiles était un combattant valeureux de l'Armée de libération nationale (ALN), doué d'un grande sens de l'organisation et un nationaliste «intransigeant», témoignent des compagnons de lutte de l'ancien commandant de la wilaya IV historique (Centre du pays). Le colonel Sadek, de son vrai nom Slimane Dehiles, est décédé le jour de l'Aid El Adha, dans son village natal d'Ait Bardjal, dans la commune des Ouadhias, en Grande Kabylie. En dépit d'un bref passage, il a marqué les maquis de l'ALN de la wilaya IV par son sens de l'organisation et son tempérament de combattant qui renvoyait, souvent, le colonel Maurice Bigeard à ses manuels de lutte contre la guérilla, se rappelle le commandant Mohamed Bousmaha, dit Mohamed El Berouaguia. «J'ai eu la chance de rencontré ce grand moudjahid, en octobre 1956, alors qu'il était de retour du congrès de la Soummam et qu'il s'attelait à réorganiser la zone IV, devenue par la suite wilaya IV», raconte le commandant Bousmaha, précisant que sa rencontre avec son futur chef militaire eut lieu après qu'il eut rejoint le maquis, à la faveur de la grève des étudiants et des lycéens. «Cette rencontre m'avait renseigné sur la grandeur de ce guerrier impavide», souligne-t-il, précisant que son ancien commandant avait une «vision à long terme». Le commandant Bousmaha décrit ce baroudeur de l'ALN comme un homme pétri de qualités humaines, simple dans son comportement avec les djounoud, dur dans le combat avec l'ennemi. «Souvent et à tort, Si Sadek était la cible de critiques pour son tempérament», se rappelle-t-il encore, relevant cependant que «la guerre était féroce et ne pouvait être menée que par des hommes capables de faire preuve de rigueur et de fermeté quand il le fallait». Il garde aussi de sa rencontre avec le colonel Si Sadek à Louzana, du côté de Hamam Melouane, en 1956, l'image d'un combattant déterminé, disponible pour les jeunes recrues, privilégiant la formation et encourageant ceux ayant suivi un cursus scolaire. C'est pour cela qu'il a marqué de son empreinte la wilaya IV «en la transformant en pépinière de cadres révolutionnaires instruits», explique le commandant Bousmaha. Selon cet ancien cadre de l'ALN, Si Sadek jouissait dans la wilaya IV, avant même d'intégrer son conseil de commandement, «d'une grande réputation après avoir réussi à démanteler le maquis des Messalistes, dans la région de Guenzet, dans la wilaya III (Kabylie)». Le commandant Bousmaha se remémore aussi que Si Sadek, qui était au début commandant militaire de la wilaya IV, avait accompagné la délégation de cette wilaya historique conduite par le colonel Ouamrane au congrès de la Soummam, avant de revenir et de prendre son commandement en qualité de colonel et de partir, quatre mois après, à l'extérieur. Il fut chargé de l'armement et de la formation militaire. Puis s'attela à envoyer des armes et de l'argent, à partir de la fin de l'année 1960, vers la wilaya IV, via les frontières ouest du pays et le port d'Alger, raconte encore son ancien compagnon d'armes. Pour l'ancien commandant de la wilaya III (Kabylie), Yaha Abdelhafidh, Si Sadek était «le combattant éternel». «Il était entier. Il répugnait à faire des compromissions», relate Si Abdelhafidh, ajoutant qu'il appréciait chez le défunt «son franc parler». Cet ancien cadre de l'ALN de la wilaya III se souvient également qu'il avait eu à rencontrer, à plusieurs reprises, le colonel Si Sadek, à Ighil Imoula ou en haute Kabylie où «il venait souvent pour rencontrer le chahid Amar Ath Cheikh, un maquisard de 1947, dont il appréciait la compagnie». Il était fidèle en amitié, ajoute Si Abdelhafidh, qui a eu à connaître de plus près Si Sadek, après l'indépendance, au sein du parti du Front des forces socialistes (FFS). Il était très proche d'Abane Ramdane, avec qui il avait collaboré aux côtés de Larbi Ben M'hidi, dans l'Algérois, après le congrès de la Soummam et avant le départ du Comité de coordination et d'exécution (CCE) à l'extérieur, témoigne encore Si Abdelhafid.