Crise de la dette, l'Europe à l'heure du choix L'Italie et la Grèce ont rassuré jeudi les marchés qui restent toutefois prudents en confirmant la formation imminente de gouvernements d'union nationale. A Athènes, l'ancien vice-président de la Banque centrale européenne Lucas Papademos a été officiellement chargé de former un gouvernement d'union nationale. L'avenir de la Grèce est dans l'euro même si sa situation actuelle «à un carrefour crucial» est difficile, a estimé jeudi M.Papademos dans sa première déclaration publique après avoir été chargé de former le nouveau gouvernement grec. L'Italie, où Silvio Berlusconi a annoncé sa démission prochaine, était en passe de mettre fin à l'incertitude politique, qui a brutalement fait chuter les marchés mercredi en Europe et jeudi en Asie. Le président du Conseil sortant a adoubé son successeur pressenti, l'ancien commissaire européen Mario Monti, «pour le bien de l'Italie». Economiste respecté âgé de 68 ans, Mario Monti se dirige irrésistiblement vers le poste de chef du gouvernement en Italie, qui devrait lui échoir dès la démission effective de Silvio Berlusconi attendue ce week-end. Cette option semble privilégiée par le chef de l'Etat Giorgio Napolitano et a les faveurs de marchés. «L'Italie fait face à des passages difficiles et à des choix particulièrement délicats pour surmonter la crise. L'Europe attend avec urgence des signaux importants de prise de responsabilité de la part d'un de ses pays fondateurs. Nous serons à la hauteur de la tâche», a déclaré jeudi dernier solennellement M.Napolitano lors d'une cérémonie publique à Rome. La Bourse de Milan a immédiatement salué cette décision en passant les 3% de hausse, avant de se replier pour terminer juste en dessous de 1%. Les autres places financières européennes ont suivi avant de terminer en ordre dispersé. Le taux auquel l'Italie emprunte pour financer sa dette sur dix ans est brièvement repassé sous la barre des 7%, avant de remonter à nouveau, dans l'attente d'une confirmation de la nomination de M.Monti, pour ensuite reprendre le chemin de la baisse à 6,88%. Rome est parvenu à emprunter, sur un an cette fois, cinq milliards d'euros, mais en payant le prix fort avec un taux de plus de 6% contre 3,5% lors d'une précédente émission obligataire. Cette envolée des taux est une menace pour l'économie réelle, a averti le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, lors d'une conférence de presse à Bruxelles. Une «clarification politique» est nécessaire en Italie et en Grèce, avait réclamé plus tôt jeudi à Pékin la directrice générale du FMI Christine Lagarde. Et cela d'autant que les prévisions de croissance en Europe pour l'an prochain sont pour le moins pessimistes. «La croissance s'est arrêtée en Europe et nous pourrions connaître une nouvelle phase de récession», a prévenu jeudi M.Rehn, à l'occasion de la publication des prévisions économiques d'automne de l'exécutif européen à Bruxelles. La situation devrait péniblement s'améliorer en 2013, avec une progression du PIB de 0,7%, selon la Commission. Et la Grèce devrait rester en récession l'an prochain, avec un recul du PIB de 2,8% alors que Bruxelles tablait encore au printemps sur une croissance de 1,1%. La Commission s'attend désormais à un retour de la croissance en 2013 seulement pour la Grèce, avec une progression du PIB de 0,7%. Le pessimisme est également de mise pour les locomotives de la zone euro, l'Allemagne et la France, qui sont deux pays parmi les mieux notés en Europe. Bruxelles envisage désormais une croissance de seulement 0,8% en Allemagne alors que Berlin vient d'abaisser sa prévision à 1%. Concernant la France, Bruxelles se montre encore plus sévère et mise sur une croissance de 0,6% en 2012. Le gouvernement français table lui sur une croissance de 1%, un chiffre déjà révisé en baisse. La Commission européenne veut d'ailleurs que Paris prenne de nouvelles mesures pour réduire le déficit en 2013.