Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a affronté, hier, un vote-test pour sa survie politique alors que l'Italie risque d'être emportée par la crise de la dette, après la Grèce où des négociations se poursuivent sur la formation d'un gouvernement d'union nationale. En Italie, le Corriere della Sera, quotidien de référence, a évoqué une "longue agonie, avec frais additionnels", en allusion à la hausse des taux d'intérêt des obligations italiennes. Après avoir fait le yo-yo toute la journée, avant-hier, au gré des rumeurs de démission de Silvio Berlusconi et des démentis successifs, les taux d'intérêt à dix ans ont atteint, hier matin, un nouveau record à 6,73%, un niveau insoutenable sur la durée au regard du poids de la dette très importante du pays (1 900 milliards d'euros, environ 120% du PIB). Ces taux vont de record en record depuis la fin de semaine dernière, jour de l'annonce de la mise sous surveillance de l'Italie par le Fonds Monétaire International (FMI) et l'Union Européenne. Une évolution "inquiétante" pour les analystes de la banque ING, "car elle est similaire à ce qui s'est passé en Grèce, en Irlande et au Portugal", trois pays qui ont fini par faire appel à une aide financière internationale. "Les marchés le disent clairement: le gros problème de l'Italie, c'est le déficit de crédibilité politique", souligne Giuliano Noci, professeur d'économie au MIP, l'école de commerce de l'Université Politecnico de Milan. L'économiste craint en outre que l'Italie ne réussisse plus à refinancer sa dette, faute de demande suffisante, ce qui serait un point de "non retour". Avant-hier soir, Rome s'est retrouvée sous la pression de ses partenaires de la zone euro qui ont annoncé que le respect des engagements de l'Italie serait également contrôlé par la Banque Centrale Européenne (BCE). De ce fait, ce pays ne sera pas loin du traitement réservé aux pays de la zone euro ayant été contraints de recourir à l'aide internationale. Une éventuelle contagion de la crise de la dette à l'Italie mettrait à genoux l'ensemble de la zone euro. "L'Italie sait que vu la taille du pays, elle ne peut pas espérer une aide extérieure, c'est la raison pour laquelle des efforts énormes sont faits en Italie en ce moment", a déclaré, hier, la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter. La Bourse de Milan continuait de son côté à parier sur la démission de Silvio Berlusconi et prenait +1,85% peu après l'ouverture. Alors qu'une réunion des ministres des finances de l'ensemble de l'Union européenne se tenait, hier, à Bruxelles, le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, est rentré précipitamment à Rome. Un vote-test pour Berlusconi, devait, en effet, avoir lieu dans l'après-midi. Il porte sur le bilan 2010 de l'Etat italien. Bossi, principal allié de Berlusconi, demande sa démission Umberto Bossi, chef de la Ligue du Nord, le principal allié de Silvio Berlusconi dont il assure la survie politique au Parlement, a demandé, hier, au chef du gouvernement italien de démissionner, selon les médias. Nous lui avons demandé de faire un pas de côté, a-t-il dit à des journalistes à la Chambre des députés. Il estime toutefois que cela ne se produira pas lors du vote-test de ce jour (mardi) sur le bilan 2010 de l'Etat italien qui sera, selon lui, adopté sans encombres. Umberto Bossi a également clairement fait savoir que son parti soutiendrait à la tête d'un nouveau gouvernement Angelino Alfano, le dauphin de Silvio Berlusconi. M. Alfano, ex-ministre de la Justice du gouvernement de Silvio Berlusconi, est actuellement secrétaire général du PDL (Peuple de la liberté - parti du Cavaliere), et son nom semble pourrait recueillir un consensus relativement large pour diriger un gouvernement de transition où entreraient l'opposition centriste. Un vote test pour Berlusconi, doit avoir aura lieu dans l'après-midi portant sur le bilan 2010 de l'Etat italien. L'ensemble de la presse italienne estime que le nombre de députés qui pourraient voter ce document technique ne devrait pas dépasser les 311 ou 312, en-dessous de la majorité absolue de 316. Personne ne sous-estime la capacité de Silvio Berlusconi à convaincre les indécis et rebondir au dernier moment. Mais si le texte devait être adopté par un nombre de députés inférieur à la majorité absolue (l'opposition ayant laissé entendre qu'elle s'abstiendrait), cela signifierait que le Cavaliere ne dispose plus d'une majorité lui permettant de gouverner et il devrait en tirer les conséquences. Papandréou demande la démission de ses ministres, et la Grèce attend avec impatience le nom de son Premier ministre Le Premier ministre socialiste grec Georges Papandréou a demandé, hier, la démission de ses ministres lors d'une réunion extraordinaire du conseil des ministres, afin de faciliter la formation d'un gouvernement de coalition intérimaire, a rapporté la télévision publique Net. les grecs attendaient avec impatience, hier, le nom du Premier ministre qui dirigera un gouvernement de coalition entre les socialistes et l'opposition de droite en vue de sauver le pays de la faillite, les marchandages étant suivis avec anxiété par la zone euro et Washington. Après plus de 24 heures de tractations et plusieurs entretiens téléphoniques, avant-hier, entre le Premier ministre sortant Georges Papandréou et le dirigeant de la droite de la Nouvelle-Démocratie Antonis Samaras, les deux hommes poursuivaient, hier matin, leurs contacts pour trouver un Premier ministre de consensus, a-t-on appris de sources gouvernementales. Un conseil des ministres sous l'égide de M. Papandréou était prévu à la mi-journée, selon la même source. Avant-hier soir, les représentants de la zone euro ont demandé un engagement écrit aux deux principaux partis grecs à respecter les promesses d'économies budgétaires et de réformes avant tout versement de nouveaux prêts. De son côté, un porte-parole de la Maison Blanche a salué, avant-hier, l'accord des deux principaux partis grecs pour former un gouvernement d'union nationale, tout en avertissant que le nouveau gouvernement devra "agir le plus rapidement possible pour remplir ses engagements concernant la mise en oeuvre du plan de sauvetage" européen pour la Grèce. Le plan d'aide décidé dans la nuit du 26 au 27 octobre à Bruxelles prévoit une aide totale de 130 milliards d'euros (prêts et garanties) ainsi qu'un effacement de 100 milliards d'euros de dettes sur un total de 350 milliards. En échange, Athènes doit se soumettre à un strict plan de rigueur et accepter une quasi mise sous tutelle. Le nom de Lucas Papademos, ancien vice-président de la Banque centrale européenne (2002-2010) et ancien gouverneur de la Banque centrale grecque (1994-2002), bras droit de Jean-Claude Trichet et conseiller de M. Papandréou est avancé par plusieurs médias en raison de son passé à la BCE. Toutefois, les médias évoquaient de nouveaux Premiers ministres potentiels, dont le représentant grec au FMI, Panayotis Roumeliotis, 64 ans, ou le médiateur du citoyen européen, le juriste grec Nikiphoros Diamantouros, 69 ans. Selon Ta Néa, M. Papademos aurait notamment posé comme condition d'être aussi à la tête du ministère des Finances, dirigé par Evangélos Vénizélos. Toutefois selon Kathimerini, Papademos, actuellement enseignant à l'université de Harvard, "est encore bien dans le jeu". Selon ce quotidien, un des freins pour un accord porte sur le fait que la droite ne souhaitait pas impliquer ses cadres dans le nouveau gouvernement, dont la mission principale doit être l'adoption du plan européen de sauvetage du pays du 26 octobre accompagné d'un nouveau train de mesures d'austérité (dans le cadre du budget 2012). M. Samaras s'est dit à plusieurs reprises favorable à l'aide européenne mais s'oppose à la poursuite de la hausse des taxes, qui, selon lui, entrave la croissance du pays en récession. "Des pas lents alors que l'UE fait pression", titrait à la une Kathimerini en soulignant "la grande déception et l'incapacité de MM. Papandréou et Samaras à se mettre d'accord sur un nouveau gouvernement". De son côté, le quotidien financier Naftémporiki titrait sur "les pressions de l'Europe" qui s'accentuent sur les deux partis pour former un gouvernement, qui constituerait un "feu vert" pour le versement de la tranche de 8 milliards d'euros, vitale pour le pays. De son côté, la Grèce attendait avec impatience, hier, le nom de son Premier ministre qui dirigera un gouvernement de coalition entre socialistes et opposition de droite en vue de sauver le pays de la faillite. Après plus de 24 heures de tractations et plusieurs entretiens téléphoniques, avant-hier, le Premier ministre socialiste sortant Georges Papandréou et le dirigeant de la droite de la Nouvelle-Démocratie Antonis Samaras poursuivaient, hier matin, leurs contacts pour trouver un Premier ministre de consensus, selon des sources gouvernementales.