Les mesures financières prises par le gouvernement pour apaiser le front social sont extrêmement onéreuses. Les augmentations de salaires, tout à fait légitimes au demeurant, dont ont bénéficié beaucoup de secteurs, et le financement des projets structurants peuvent mettre à mal les équilibres financiers en cas de chute brutale des prix du pétrole. «A 70 dollars nous serions donc en danger, à 60 dollars ça irait mal, à 50 ça irait très mal», avait souligné l'actuel Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia au mois de septembre 2008. C'est pour cette raison essentielle que les pays producteurs de pétrole dont les recettes pétrolières assurent la presque quasi-totalité de leurs recettes en devises, à l'instar de l'Algérie, ne resteront pas les bras croisés si un tel scénario venait à se présenter. C'est aussi l'avis de plusieurs spécialistes. «Un retour du prix du baril au-dessous de la zone des 80-90 dollars semble aujourd'hui peu probable. Certes, il peut y avoir une détente sur les prix, par exemple avec la reprise de la production en Libye, qui semble plus rapide que prévu. Toutefois, je ne pense pas que l'Opep laissera les prix du pétrole descendre très bas», a déclaré Nathalie Alazard, directeur économie et veille d'IFP Energies nouvelles dans le cadre d'un dossier élaboré par Investir le journal des finances. «Le «Printemps arabe» a accentué la nécessité, pour ces gouvernements, de mettre en place des mesures sociales coûteuses. Ainsi, les pays de l'Opep n'accepteront jamais une érosion de leurs recettes budgétaires», a conclu l'expert d'IFP Energies nouvelles. Pourquoi? La raison est simple: «Seuls les prix élevés de l'or noir pourront financer (les mesures sociales, Ndlr). A ce jour, les pressions des pays consommateurs pour faire redescendre les prix afin de redonner du pouvoir d'achat aux économies au bord de la récession, n'ont pas donné de résultat», indique dans son analyse la rédaction d'Investir. On peut objectivement penser que «Le Printemps arabe» ne sera pas sans conséquences sur le marché pétrolier lors de la prochaine réunion des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui doit se dérouler le mois de décembre à Vienne en Autriche. Les décisions, qui seront prises, tiendront compte du phénomène des révoltes arabes qui semble vouloir déferler sur certains pays parmi les plus importants producteurs de la planète, l'Arabie Saoudite en l'occurrence, mais aussi d'autres Etats de la péninsule arabique, à l'instar du Qatar où des mouvements de contestation commencent à frémir. Le contexte géopolitique est propice à une envolée spectaculaire des cours de l'or noir, il y a comme une sourde bataille qui se profile autour des prix du pétrole. L'économie nationale ne supportera pas une chute des prix du pétrole du même type que celle de 2008 où ils avaient dépassé les 147 dollars pour se retrouver à moins de 34 dollars au mois de décembre de la même année. Il est pratiquement assuré que l'Algérie défendra bec et ongles un baril de pétrole à 100 dollars, voire plus, quand bien même a-t-elle trouvé les prix actuels satisfaisants. «Il semble que ce prix du pétrole (actuel, Ndlr) n'a pas d'impact majeur sur l'économie mondiale. Je pense qu'un prix autour de 100 dollars le baril est équitable pour les consommateurs et les producteurs...Et il permet des investissements pétroliers et gaziers», avait estimé Youcef Yousfi. Le ministre algérien de l'Energie et des Mines s'était exprimé en marge du sommet du Forum des pays exportateurs de gaz qui s'est tenu à la mi-novembre à Doha au Qatar et où il avait qualifié les cours de l'or noir actuels de justes. A moins que le dossier du nucléaire iranien mis sous tension avec le projet français d'embargo pétrolier contre la République islamique d'Iran ne donne des ailes aux cours de l'or noir...