Les investissements des compagnies pétrolières dans l'exploration et la production pourraient croître de 10% à 12% en 2011 après une hausse de 5% à 10% en 2010, selon une étude de l'organisme public de recherche IFP Energies nouvelles publiée mardi. Selon cette étude, les dépenses mondiales consacrées à l'exploration-production s'élèveraient ainsi à près de 500 milliards de dollars l'année prochaine, contre 440 à 460 milliards cette année, dans l'hypothèse où le pétrole se maintiendrait à un prix de 80 dollars le baril environ. "Il y a une très forte corrélation entre les investissements et le prix du baril", a souligné Nathalie Alazard-Toux, directrice économie et veille à l'IFP, en marge d'une conférence de presse. Les investissements suivent les évolutions des cours avec 6 mois de décalage, contre un an auparavant, a-t-elle remarqué. Or, les cours du brut sont revenus à une moyenne de 78 dollars le baril en 2010 contre 60 dollars en 2009, selon les calculs de l'IFP. L'Institut note notamment un fort rebond (+26%) de l'activité de forages à terre en 2010, tirée par le dynamisme de l'Amérique du Nord (+43%). "L'essentiel de la reprise des forages en Amérique du Nord est due aux shale gas", un type de gaz piégé dans la roche et qui nécessite un grand nombre de forages pour être extrait, a indiqué le président de l'IFP Olivier Appert. Les forages en mer progressent moins vite (+7% au niveau mondial), en raison notamment de la baisse d'activité en Amérique du Nord (-15% à -20%) due à la marée noire dans le Golfe du Mexique. "Plus de 30 champs par an devraient entrer en production par plus de 1.000 mètres d'eau d'ici 2014", estime toutefois l'IFP. Dans le raffinage, les investissements ont baissé de 6% en 2010, remarque en outre l'institut. Les capacités de raffinage sont toujours supérieures à la demande d'environ 6 millions de barils par jour (mbj) et ces "surcapacités" pourraient encore augmenter à 7,5 voire 9 mbj si la demande de carburants et produits raffinés baissait davantage, selon l'IFP. "L'essentiel des surcapacités se situe en Europe", a noté Mme Alazard-Toux, qui prévoit de nouvelles restructurations du secteur. Le Vieux Continent souffre d'un déséquilibre de production, les raffineries européennes produisant trop d'essence et pas assez de gazole. "Pour un industriel, il est plus rentable d'acheter du gazole russe que d'investir pour adapter l'outil de raffinage", a estimé Mme Alazard-Toux. L'organisme public estime en outre que le moratoire consécutif à la marée noire dans le golfe du Mexique a entraîné un baisse de 15% à 20% du nombre de puits offshore forés en Amérique du Nord en 2010 par rapport à 2009. "Le golfe du Mexique sera désormais la chasse gardée des grandes compagnies pétrolières", a estimé lors d'une conférence de presse Olivier Appert, président d'IFP Energies nouvelles, soulignant que le relèvement de 75 millions à un milliard de dollars du plafond d'engagement des compagnies en cas de pollution excluait de facto les indépendants. "Pour les grandes compagnies pétrolières internationales, l'offshore profond du golfe du Mexique reste quand même encore très attractif, même s'il faut anticiper une certaine augmentation des coûts", a-t-il ajouté.