C'est demain que se tiendra à Abuja, au Nigeria, la réunion qui regroupera l'ensemble des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), afin de tenter une seconde baisse de leur production en l'espace d'un mois et demi, en vue de stabiliser les cours d'un marché pétrolier devenu insaisissable, voire «indomptable», en raison d'une hausse des stocks du marché américain, jugés assez abondants, essentiellement le fioul de chauffage et l'essence, principaux facteurs qui ont tendance à influer sur les cours du marché pétrolier, étant donné leur forte demande, observée, essentiellement, en hiver, surtout lorsque les conditions climatiques se dégradent. Spéculation et géopolitique, éléments exogènes ou fondamentaux du marché pétrolier, ne sont pas en reste et agissent de manière significative sur le prix du baril de pétrole. Les violences, qui ont secoué le sud du Nigeria, voilées d'un caractère endémique, touchent principalement le Delta du Niger, en proie à des attaques contre des installations pétrolières, ponctuées d'enlèvements d'expatriés travaillant pour des compagnies étrangères, sans que cela puisse, toutefois, influer sur le prix du baril de l'or noir.Les menaces du Mouvement d'émancipation du Delta du Niger (Mend), dont les combattants ont attaqué et détruit une installation d'Agip (Italie) et dont l'objectif avoué est de stopper les exportations de pétrole brut du Nigeria, sont prises très au sérieux par les compagnies pétrolières étrangères. Le 8 décembre, le prix du baril de pétrole a sensiblement grimpé à New York pour atteindre 63,47 dollars suite aux troubles annoncés par les séparatistes nigérians du Delta du Niger. Par ailleurs, les mécanismes structurels boursiers, qui agissent de manière négative sur le prix du baril de pétrole, seront très certainement pris en compte par les pays de l'Opep. La forte dépréciation de la monnaie américaine, qui reste la devise de référence du marché pétrolier mondial, affecte négativement les revenus des pays producteurs de pétrole, en particulier ceux de l'Opep qui fournissent 40% de l'offre mondiale et dont les économies, à l'exemple de l'Algérie, sont essentiellement tributaires des recettes en hydrocarbures. Hier, le ministre iranien du Pétrole, Kazem Vaziri-Hamaneh, a été le plus prompt à réagir et a prôné une réduction de la production pétrolière des pays de l'Opep, avant la tenue de la réunion d'Abuja. «L'Iran, tout comme les autres pays membres de l'Opep, estime qu'un prix du baril inférieur à 60 dollars n'est pas approprié», a déclaré le ministre iranien du Pétrole. Mohamed Al Hamili, ministre émirati du Pétrole, a, pour sa part, indiqué que l'Opep tentera, lors de sa réunion jeudi à Abuja, de stabiliser le marché pétrolier. Le prix du baril de pétrole, quant à lui, demeurait inflexible, apparemment insensible au redoux de l'hiver aux Etats-Unis, la probable nouvelle baisse de la production de l'Opep semble jouer en faveur d'une stabilité du prix du baril de l'or noir. Lundi soir, à New York, le Brent de la mer du Nord pour livraison, en janvier, affichait 62,04 dollars.