Déchargement de conteneurs Le blocage des marchandises au niveau du port d'Alger est l'un des sujets qui fâchent. Il ressurgit de manière récurrente. La raison: le port d'Alger est l'un des points névralgiques de l'économie nationale. Actuellement, le port d'Alger, d'où transite l'essentiel des marchandises importées, est doté d'un seul scanner appartenant à l'entreprise portuaire d'Alger (Epal). Les services des Douanes disposent de trois mini-scanner dont deux sont à l'arrêt, a-t-on constaté avant-hier lors d'une visite effectuée à l'intérieur du port en compagnie du directeur des conteneurs et du scanner de l'Epal, M. Ouadhour Mahmoud. La visite effectuée par l'équipe de L'Expression était une occasion d'aborder toutes les questions relatives à la gestion de cette entreprise portuaire, à ses contraintes, aux difficultés et aux différents blocages souvent signalés ici et là. Le directeur général adjoint de l'Epal, M. Abdelaziz Ghettas, ainsi que ses collaborateurs sont longuement revenus sur tout ce qui entoure l'activité portuaire et ont expliqué les missions essentielles de l'Epal indépendamment des autres intervenants au port, en l'occurrence les services des Douanes, les transitaires, etc. Les dessous d'une léthargie «Le port a pour mission d'encaisser les redevances, les taxes et les frais de séjour. Une fois cette formalité accomplie, le port n'a aucune raison de bloquer une marchandise», a indiqué M. Ghettas. Pour mieux expliquer cette situation, ce responsable de l'Epal met en exergue les errements des autres intervenants, à l'instar des transitaires. «Parfois les usagers utilisent le port comme aire de stockage parce qu'ailleurs les prestations- dans un entrepôt privé ou dans un port sec- coûtent plus cher», explique-t-il. Des mises en demeure sont adressées régulièrement à ces usagers, et la marchandise est enlevée dans un délai ne dépassant pas les 21 jours, selon M.Ghettas. Il faut noter qu'au niveau de l'Epal, «le séjour moyen est de 17 jours au lieu de 21 jours comme ce fut le cas auparavant», a-t-il signalé. Il avoue tout de même qu'il y a des cas d'exception tels que certains importateurs qui rencontrent des difficultés. Ils se retrouvent dans une situation où ils ne peuvent respecter les règles imposées par l'administration des Douanes. Conséquence: leurs marchandises restent bloquées. «Après 20 jours, l'administration des Douanes peut donner l'ordre de les transférer vers des entrepôts publics. Deux mois et 21 jours après, ces marchandises et conteneurs sont mis dans les dépôts des Douanes», précise-t-il. Il y a lieu aussi de signaler qu'il y a des délais réglementaires qui peuvent aller jusqu'à la vente aux enchères après décision de justice. Les contraintes à lever en urgence «On a nos propres difficultés, nous avons des aires de stockage actuellement qui ne répondent pas aux normes. On doit adapter le port aux nouvelles exigences. C'est-à-dire aux nouvelles techniques de maintenance», révèle M. Ghettas. Il nous apprend par ailleurs qu'il y a un projet d'investissement pour la démolition et le revêtement des espaces portuaires pour faire face au trafic qui augmente d'année en année. «Nous avons aussi un programme d'investissement pour les engins de manutention. Bien sûr, c'est toujours pour rendre un meilleur service aux usagers», a-t-il dit. Le gerbage fait polémique «Au niveau du port d'Alger on gerbe 4 ou 5 étages de conteneurs», a-t-il précisé. Il y a deux critères de gerbage, «l'état de solidité du sol et les moyens de levage» nous apprend-il par ailleurs. «Si l'on n'a pas cette faculté de gerber en hauteur, on ne peut pas gagner de l'espace. Il n'y a aucune note qui l'interdit», a souligné le responsable de l'Epal. Pour l'administration portuaire, si toutes les formalités douanières et administratives sont accomplies, il n'y a aucune raison que la marchandise reste au niveau du port. La responsabilité incombe ainsi aux autres intervenants. Côté importateurs, ils leur est reproché des importations massives, comme le cas des viandes à la veille du mois de Ramadhan à titre d'exemple. Tout le monde se précipite pour faire sortir ses marchandises dans une même période. Ce qui crée une sorte de pression. Déjà en temps normal, «entre 8 h et 10 h, c'est la fourchette temps qui est vraiment difficile à gérer. Ce sont tous les transitaires qui se présentent en même temps. A partir de l'après-midi, la plate-forme portuaire est presque vide», nous a-t-on indiqué. Scanner, fiabilité, blocage, rumeur... Les responsables du port démentent toute existence de panne comme on a souvent tendance à le laisser entendre. Mais qu'en est-il vraiment de ce côté-là? Le directeur des conteneurs et du scanner, Ouadhour Mahmoud, n'a pas mâché ses mots sur ce plan. «Le scanner du port d'Alger n'a jamais connu de panne. On procède à des arrêts d'entretien programmés par la machine qui est tout le temps en marche. Les périodes d'entretien sont comme suit: une journée d'arrêt par mois, quatre tous les six mois et huit par an», a-t-il indiqué de prime abord. Il a tenu à nous apprendre aussi qu'il y a une nouvelle note émanant des services des Douanes exigeant la présence obligatoire des transitaires lors du passage des conteneurs dans le scanner, alors qu'avant ça ne se faisait pas. Il suffisait que le chauffeur se présente avec un bulletin de scanner et le conteneur passera le plus normalement du monde. Là, on se retrouve confronté à un blocage qui n'est pas de notre volonté. Les transitaires ne peuvent pas venir la nuit au port. «Leur présence n'est pas toujours constatée au niveau du scanner, ce qui retarde le passage des conteneurs. A 3 h du matin vous ne trouverez aucun transitaire au port. Et là, le conteneur est bloqué car il ne passera pas par le scanner», a souligné M. Ouadhour. «Nous sommes là, on reçoit des conteneurs ciblés par les services des Douanes pour graisser cette machine et l'entretenir. Ceux qui contrôlent ce ne sont pas les douanes. Les blocage, ce n'est pas nous!», précise-t-il. Quand le transitaire arrive à leur niveau avec un dossier conforme, «il a un quart d'heure seulement à passer à notre niveau. Toute cette léthargie et tout ce retard ne dépendent pas de nous. Ce sont les formalités, les services des Douanes, les fraudes, les transitaires, les contrôles...», a-t-il expliqué. «Nous, ce qui nous intéresse c'est de faire sortir la marchandise. C'est un port de transit et non un parc de stockage»,a conclu M. Ouadhour. En tous les cas ces blocages sont à l'origine des flambées des prix car ils se répercutent sur le transitaire, sur les clients, sur les prix de ces marchandises et ensuite sur le consommateur. Avec son couffin, le lendemain, le pauvre Algérien paiera de sa poche au marché tout ce retard.