Seulement 30% des conteneurs transitant par le port d'Alger sont soumis au contrôle par scanner en raison du manque flagrant de ces appareils au niveau de cette enceinte portuaire, a-t-on appris auprès des douanes. Selon la direction régionale des douanes d'Alger, le port de la capitale contrôle par scanner depuis plus d'une année une moyenne de 150 à 220 conteneurs par jour sur environ les 600 ou 700 conteneurs traités par l'Entreprise portuaire d'Alger (Epal) et l'Emirati DP World, gestionnaire depuis 2008 du terminal à conteneur de ce port. Le taux de contrôle par ces appareils n'a jamais dépassé même dans les périodes de pic les 30% par jour, a précisé à l'APS la même source qui impute cette situation au «au déficit assez manifeste dans les capacités de scanning». Le plus grand port d'Algérie, d'où transite l'essentiel des marchandises importées par le pays, est doté d'un seul scanner appartenant à l'Epal, a-t-on ajouté pour illustrer ce déficit. DPW ne dispose quant à lui de scanner, rendant encore plus difficile la tâche d'inspection de son partenaire Epal qui assume à lui seul presque la totalité du contrôle. Les pannes récurrentes de ce scanner de haute technologie, mis en service depuis 2004, entraîne souvent un retard dans le dédouanement des marchandises. Ces pannes peuvent durer des fois, selon la même source, trois à quatre jours, une durée que l'Epal infirme, précisant qu'elle n'a jamais atteint les deux jours. «Depuis que le scanner est fonctionnel nous avons enregistré une seule panne d'un jour et demi, le reste sont des arrêts ne dépassant jamais quelques heures, ou quelques minutes», a-t-on précisé auprès de l'Epal. S'y ajoutent à ces pannes, les travaux réguliers d'entretien de scanner, engagé par l'Epal qui nécessitent un arrêt de l'appareil pour une journée par semaine ou deux jours par mois, souligne-t-on auprès des douanes. L'équipement logistique du port d'Alger, notamment en appareils d'inspection, revient en effet aux deux partenaires Epal et DPW et non pas à la douane qui assure, quant à elle en plus de sa mission fiscale, le contrôle des marchandises et la protection de l'économie, selon le même source. Face à cette situation, les douanes ont sollicité l'Epal pour augmenter ses capacités de scanning et DPW pour s'équiper d'au moins un appareil, une demande restée vaine puisque jusqu'ici le port de la capitale fonctionne encore avec un seul grand scanner performant. «Nous avons sensibilisé les deux entités (Epal et DPW) pour engager une réflexion afin d'acquérir d'autres scanners», a-t-on indiqué de même source. Mais en attendant que cette doléance soit prise en considération, l'administration douanière a engagé un programme d'acquisition de scanners mobiles. Ces scanners viendront renforcer, celui mis en service en 2009 et utilisé essentiellement en cas de besoin par les services de lutte contre la fraude lors des opérations d'investigations inopinées. Traiter les urgences Les douanes du port d'Alger recourent aussi à cet appareil pour traiter les opérations d'urgence. Même performant, le scanner mobile des douanes n'a pas les mêmes capacités de contrôle que celui de l'Epal qui reste d'une importance capitale pour ce port puisqu'il a aidé a déjoué depuis son fonctionnement plusieurs opérations d'importations frauduleuses, précise-t-on. Pour autant, la même source a refusé d'amputer les lenteurs enregistrées dans certaines opérations de dédouanement des marchandises au seul délai nécessaire au passage au scanner, précisant qu'elles sont aussi entraînées par les formalités douanières mal accomplies. «Effectivement il y a un nombre important de conteneurs qui passe au contrôle par scanner pour répondre à des soucis de sécurité et de lutte contre la fraude mais en règle générale si toutes les formalités de dédouanement sont accomplies l'importateur peut disposer de sa marchandise dans un délai de 48 heures, une fois que la visite de la marchandise et le contrôle documentaire accomplis», a indiqué la même source douanière. La règle générale appliquée actuellement au niveau du port «est de concilier le contrôle avec les facilitations douanières tout en accordant un passage prioritaire au scanner aux exportateurs et un traitement approprié aux opérateurs, qui présentent une garantie et une bonne moralité fiscale «. a-t-on souligné. L'application prochaine du statut de l'opérateur agrée, qui va soumettre une catégorie d'opérateurs, notamment les producteurs, à un contrôle à posteriori va aussi aider le port d'Alger à réorienter une partie considérable de ses capacités de scanning aux importateurs présumés frauduleux. Le recours accru dernièrement par les douanes au scanner a été rendu notamment nécessaire par le besoin de renforcer le contrôle sur certaines marchandises en provenance de certains ports qui n'en disposent pas comme le port de Marseille, d'où transitent environ 40% des importations algériennes, a-t-on confié. Le contrôle par scanner, se fait par ailleurs, en fonction des orientations de la direction générale des douanes qui détermine les courants de fraude à surveiller en priorité, précise-t-on encore. Actuellement le contrôle par scanner au niveau du port d'Alger est beaucoup plus orienté vers les marchandises importées par des opérateurs, dont les registres de commerce sont présumés loués.