L'armée israélienne poursuit ses raids sur Gaza au moment où des personnalités palestiniennes tentent de réconcilier les deux hommes forts du pays Une fillette palestinienne de dix ans a succombé hier à ses blessures après le raid héliporté de l'armée israélienne sur le nord de Gaza, le 26 août dernier, contre le camp de réfugiés de Jabaliya. C'est l'une des dizaines de victimes tombées ces deux dernières semaines sous les coups de l'armée israélienne qui a intensifié ses raids contre les villes et les camps de réfugiés palestiniens à Gaza et en Cisjordanie. De fait, les responsables politiques et militaires israéliens ne cachent pas leur intention de mener une «guerre totale» contre les mouvements de résistance palestiniens même si, pour l'heure, ces efforts semblent concentrés sur le seul mouvement Hamas qui subit le gros de l'offensive de l'armée israélienne, et dont nombre de dirigeants sont tombés ces derniers jours tués par des missiles lancés à partir d'hélicoptères de combat. Parallèlement à cette «guerre totale» contre le Hamas, Israël envisage, selon une déclaration du ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, «l'expulsion» du président Arafat. Selon le chef militaire israélien, Yasser Arafat «représente un obstacle très important pour Mahmoud Abbas et pour le processus politique (...)» indiquant: «Nous avons commis une erreur historique en ne l'expulsant pas il y a deux ans, mais nous allons traiter ce dossier à court terme, sans doute avant la fin de l'année». En fait, les Israéliens ne reculent devant aucun expédients pour parvenir à leurs fins consistant à neutraliser la résistance, isoler tous ceux qui refusent la «paix israélienne» tel que l'envisage Sharon pour les Palestiniens: des bantoustans, isolés par des barbelés et des murs de «protection» sous l'autorité et la haute surveillance de l'armée israélienne. Aussi, pour les amener à résipiscence, Israël a repris l'assassinat ciblé de dirigeants et responsables palestiniens et cela face au mutisme complice de la communauté internationale qui ne réagit que mollement devant ce déni de droit. Le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, Javier Solana, qui était sur place au Proche-Orient, a exprimé de «sérieuses réserves contre ce type d'opérations» mais s'est gardé de condamner, ou même de protester, (contre) ces pratiques criminelles passibles de la qualification de crime contre l'humanité. Sa porte-parole a certes qualifié, lundi, ces actions «de meurtres extra-judiciaires» qui ne «contribuent pas à instaurer la confiance, et qu'il faut éviter», mais tout cela restant dans la norme acceptable par Israël. Ainsi, l'Union européenne en ne condamnant pas fermement des pratiques criminelles que prohibent le droit et les lois internationaux, au moment où son représentant refusait de rencontre, M.Arafat, se plie au diktat d'Israël, tout cela pour préserver un strapontin dans un plan de paix «international» totalement sous la férule du duo israélo-américain qui impose sa seule vision de la paix au Proche-Orient. C'est dans cette situation préjudiciable pour le devenir du processus de paix, qu'une lutte de pouvoir acharnée oppose le président Arafat à son Premier ministre Abbas. La mésentente est telle qu'elle fait craindre outre un clash entre les deux hommes, une remise en cause de tous les efforts consentis par les Palestiniens pour faire triompher leur cause. Aussi, la réunion du Conseil législatif palestinien, (CLP, Parlement) prévue pour demain, s'avère-t-elle cruciale, d'autant plus qu'elle est appelée à départager les deux hommes. Mais les responsables palestiniens ne semblent pas trop se faire d'illusion, à l'instar du président du Parlement, Ahmed Qoreï, selon lequel «désormais il ne s'agit plus d'aplanir les différends (...) affirmant le conflit entre MM.Arafat et Abbas ne peut être résolu que s'ils acceptent de travailler ensemble». Ce qui semble peu probable, tous les analystes palestiniens s'accordant à dire en effet qu'il s'agit d'un conflit politique qui ne peut plus se régler «par des compromis». De fait, les choses semblent avoir atteint le point de non-retour, Mahmoud Abbas, conforté par l'appui ostentatoire des Etats-Unis et d'Israël, veut à son tour bouter le président Arafat hors du pouvoir en lui enlevant les dernières parcelles de prérogatives qui lui restent : le contrôle sur les services de sécurité, des services stratégiques qu'Israéliens et Américains veulent voir mettre au service exclusif de la chasse aux «terroristes» palestiniens par la transformation de ces services en simples auxiliaires de l'armée israélienne d'occupation. Face à la tournure que prennent les événements, il devient à tout le moins illusoire de croire que l'Etat palestinien promis par la «feuille de route» a encore des chances de voir le jour en 2005.