Ban Ki-moon a appelé hier à Mogadiscio les insurgés islamistes shebab à renoncer à la violence en Somalie, à l'occasion d'une visite surprise inédite en près de 20 ans pour un secrétaire général de l'ONU dans la capitale de ce pays en état permanent de guerre civile. «Nous appelons l'opposition armée shebab à arrêter la violence et à participer au processus de paix dans le pays», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au palais présidentiel, se félicitant de mener la première visite à haut niveau des Nations unies à Mogadiscio depuis 1993. «Les Nations unies vont aider la Somalie à établir la paix, en soutenant l'Amisom (la force de l'Union africaine en Somalie, ndlr) et le gouvernement somalien», a-t-il poursuivi, indiquant qu'un bureau onusien pour les affaires politiques ouvrirait à Mogadiscio en janvier. M.Ban a été accueilli à l'aéroport dans la matinée par le Premier ministre Abdiweli Mohamed Ali et des responsables de l'Amisom, qui soutient le gouvernement de transition contre les insurgés islamistes shebab. M.Ban portait un gilet par-balles estampillé Nations unies et était accompagné d'un garde du corps casqué. Il a ensuite été escorté au Palais présidentiel, où il a finalement rencontré le président Sharif Cheikh Ahmed. Cette visite «accroît les espoirs en Somalie et encourage la paix et le développement», déclaré ce dernier devant la presse. Elle «montre aussi à quel point la sécurité s'est améliorée à Mogadiscio», a-t-il estimé. Ces dernières années, Mogadiscio a été le théâtre de violents affrontements entre les troupes progouvernementales et les shebab. Ces derniers ont abandonné leurs principales positions dans la capitale en août, mais la ville reste la cible d'attaques régulières à la grenade ou à la voiture piégée. Très peu de déplacements à haut niveau ont d'ailleurs eu lieu à Mogadiscio depuis la chute du président Siad Barré en 1991. En novembre 2010, le président ougandais, Yoweri Museveni, dont le pays assure seul avec le Burundi le contingent de l'Amisom, avait été le premier chef d'Etat à y effectuer une visite en près de 20 ans. En août dernier, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, s'y était à son tour rendu pour sensibiliser la communauté internationale à la plus grave sécheresse dans le pays en deux décennies. La Somalie, sans gouvernement effectif depuis 1991, est en pleine crise alimentaire, conséquence des violences incessantes et de la terrible sécheresse qui a récemment touché la Corne de l'Afrique. Selon l'ONU, trois provinces du sud somalien sont encore en état de famine, et 250.000 personnes risquent de mourir de faim.