L'Algérie souhaite aborder d'une façon sereine ce nouveau round de discussions Un nouveau round de «négociations» est prévu à la mi-janvier à Paris entre les experts français et algériens. Alger et Paris remettront sur la table les Accords de 1968. Un autre round de discussions est prévu à la mi-janvier 2012 à Paris entre les experts des deux pays. C'est ce qu'a affirmé hier à Montpellier, Halim Benatallah, secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger. «Il y a eu des discussions l'an dernier sur les Accords de 1968. On s'est entendu sur un agenda de discussions qui auraient dû reprendre il y a quelques mois déjà. Nous étions en attente d'un nouveau rendez-vous qui devait venir de la partie française. Nous avons reçu une proposition pour le mois de décembre, mais c'était trop court. Les discussions vont reprendre à la mi-janvier», a précisé le ministre dans une déclaration à L'Expression. Ces accords portent sur la circulation, l'emploi et le séjour des ressortissants algériens et de leurs familles en France. Pour l'Algérie, il n'est pas question de céder un point sur les avantages qu'accordent les accords aux Algériens. Pour le ministre, il ne s'agit pas d'accords mais plutôt d'acquis que l'Algérie va défendre. «Il ne s'agit pas de privilèges, mais ce sont des acquis inclus dans les accords reconnus par les deux parties, il n'y a pas secret autour de cette question», a-t-il clarifié. L'Algérie va-t-elle faire de sorte à ne pas renoncer à ces acquis? A notre question, le secrétaire d'Etat s'interroge à son tour. «Est-ce qu'on ne peut défendre autre chose que cela?» La réponse est sans équivoque. M.Benatallah qui s'exprimait en marge de la rencontre avec les compétences nationales à l'étranger a affirmé que l'Algérie souhaite aborder d'une façon sereine ce nouveau round de discussions. «Les discussions vont reprendre de façon sereine et ne pas dialoguer à travers des canaux qui ne sont pas appropriés afin de maintenir cette sérénité» lors des prochains pourparlers, a-t-il ajouté. Le ministre insiste sur le fait que les deux pays n'ont pas abordé les négociations, mais ils sont à un stade de discussions exploratoires. «Un des points d'intérêt qui nous concerne, est de faire une évaluation sereine et objective quant à l'application de ces accords afin de déterminer ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné, et ce de manière à avoir une base de négociations plus tard», a-t-il déclaré. L'occasion s'est offerte pour aborder avec le ministre une autre question liée aux biens des Algériens au Maroc et en Tunisie. Le ministre a affirmé que les autorités marocaines n'ont pas donné de réponse à la demande de l'Algérie quant à la prise en charge de cette question. Black-out de Rabat Lors d'une visite au Maroc, Benatallah avait officiellement demandé à son homologue marocain de prendre en charge le dossier des biens des Algériens et autres terres agricoles algériennes spoliées au Maroc. A cet appel, Rabat fait toujours la sourde oreille. Aucune réponse n'a été donnée par les autorités marocaines. Quant à la Tunisie, le ministre estime qu'une solution pourrait intervenir avec le changement qui s'est produit au sein du pouvoir tunisien. Les accords existent mais l'application faisait défaut à l'époque du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali. Quant à l'information publiée par certains titres de la presse nationale et selon laquelle des notes auraient été envoyées aux différents consulats d'Algérie à travers le monde instruisant les services consulaires de ne pas délivrer de visas aux touristes étrangers désirant se rendre dans le Sud algérien, M.Benatallah s'est montré «très intrigué»: «Mais, qu'on soit sérieux. Il n'y a aucune directive dans ce sens», a-t-il démenti. Revenant sur les conclusions de cette rencontre de Montpellier, le ministre a précisé qu'à la demande des compétences nationales établies à l'étranger, une opération de promotion des programmes de recherche sectoriels en Algérie a été menée pour ouvrir des pistes d'intégration de l'élite algérienne à ces stratégies. Pour le ministre, cette rencontre se veut comme une réunion de suivi de celles organisées l'année dernière. Quant au choix de Montpellier, il explique que la présence d'un potentiel universitaire très important a motivé la décision de tenir ce séminaire dans cette ville. Pas de préférence entre les compétences algériennes L'objectif était de ramener nos compétences à présenter des projets conçus par eux-mêmes pour savoir ce qu'ils peuvent apporter au pays en termes de projets d'intégration et de recherche. Concernant la tenue des débats, M.Benatallah a tenu à mettre les points sur les «i». «Il s'est avéré important de clarifier un certain nombre de choses et certaines règles de conduite. La contribution au pays ne signifie pas une façon d'accorder une importance au volet commercial. Qu'on soit clair sur ce point. L'accent est souvent mis sur cet aspect. Les règles de jeu sont claires. Il y a un règlement et des lois dans le pays. Il y a certainement des contraintes bureaucratiques, mais elles s'appliquent aussi bien aux Algériens de l'intérieur qu'à ceux de l'extérieur. On ne peut pas accorder de préférence aux Algériens de l'extérieur au motif qu'ils sont des compétences nationales reconnues à l'extérieur», a-t-il précisé dans une mise au point. Pour le ministre, ce principe s'applique selon les lois et les règlements en vigueur en Algérie. «Ce n'est pas sur ce volet commercial qu'on peut apporter une contribution au pays. On attend l'apport en formation, en savoir-faire et en bonne volonté d'intégration dans les programmes de recherche», précise-t-il encore. Et d'annoncer que mêmes les compétences nationales en Algérie font face à ces mêmes contraintes et mêmes problèmes. Le ministre appelle les universitaires à éviter les faux problèmes soulevés par certains chercheurs qui se sentent rejetés par leurs homologues algériens en Algérie. «Il faut agir de manière à instaurer une relation de confiance des deux côtés», dit-il. L'autre observation faite par le ministre est liée au souhait exprimé par son département consistant à intégrer les compétences nationales établies à l'étranger dans les programmes de recherche développés par les différents secteurs en Algérie de manière à créer un noyau dynamique des compétences nationales en réseaux interprofessionnels. «Il y a une multitude de compétences individuelles, mais ce n'est pas une meilleure façon d'agir, parce que l'expérience a montré que lorsque nos compatriotes sont organisés ils auront plus de poids en Algérie pour aboutir à leurs objectifs. Il est difficile de travailler sur des initiatives individuelles», a-t-il constaté. Pour le travail de prolongement, il doit concerner la valeur ajoutée en termes d'expertise, se mettre en réseau et élargir les discussions à d'autres secteurs. De son côté, le consul général d'Algérie à Montpellier, M.Mouaki Benani Khaled, a exprimé sa volonté de poursuivre ce travail afin de canaliser les compétences algériennes qui se trouvent à Montpellier. Il annonce la tenue d'une autre rencontre la semaine prochaine avec la diaspora algérienne afin de l'amener à s'organiser. «Il faut aller au-delà des autres thématiques discutées lors de cette réunion, mais il faut toucher d'autres secteurs. Il y a un Programme national de recherche, on doit savoir comment faire contribuer nos compétences dans ces stratégies», a-t-il conclu.