L'ex-émir de l'AIS pourra revenir sur la scène politique par la grande porte Dans l'article 4 de la loi, il est indirectement indiqué que les personnes ayant reconnu leur responsabilité dans la tragédie nationale peuvent réintégrer la scène politique. Ce n'est pas fini. Les instigateurs de la décennie noire peuvent renouer avec la politique. La loi sur les partis politiques ne leur ferme pas définitivement la porte. Certes, il n'y a plus de doute sur le non-retour des ex-responsables du FIS dissous, entre autres Abassi Madani et Ali Belhadj. Ces derniers ne pourront ni créer un parti politique ni adhérer à une quelconque formation politique. Il est inscrit noir sur blanc dans la mouture de la loi. Cependant, cette loi offre des possibilités à d'autres catégories. Il s'agit bien évidemment des repentis et des chefs militaires. Contrairement aux responsables politiques, ces derniers ne seront pas exclus de la vie politique. L'article 04 de la nouvelle loi sur les partis le définit indirectement. Il stipule clairement qu'«il est interdit de créer un parti politique ou la participation à sa création et ses structures toute personne responsable de l'utilisation de la religion qui a mené à la tragédie nationale. Il est interdit également à toute personne ayant participé dans des actes terroristes et qui refuse de reconnaître sa responsabilité dans la conception et l'adoption d'une politique qui mène à la violence». Dans le premier chapitre, l'article signe définitivement l'arrêt de mort de l'ex-parti dissous, le FIS et exclut tout retour de ses responsables sur la scène politique. Cependant, l'article précise indirectement que sera privée de ce droit toute personne ayant participé à des actes terroristes et refuse de reconnaître sa responsabilité. Par contre toute personne qui reconnaît sa responsabilité durant la décennie noire pourra jouir de ce droit. Dans ce cas de figure, la loi ouvre la voie aux repentis. L'ex-émir de l'AIS, (l'armée islamique du salut, branche du FIS dissous, Ndlr) pourra revenir sur la scène politique par la grande porte. Selon une source proche, cet article n'a pas été du goût des députés. «La commission juridique de l'APN avait contesté cet article en proposant un amendement qui exclu sans exception tous les participants à la décennie noire», affirme notre source. laquelle indique que des pressions ont été exercées sur la commission pour l'amener à revoir sa position sur ce sujet. «Le ministre de l'Intérieur a demandé à la commission de maintenir l'article tel qu'il a été précisé dans le texte du gouvernement», précise notre source. Pourquoi? L'argument présenté est que le président de la République aurait promis à l'ex-chef de l'AIS une réintégration dans le milieu politique. En 1999, l'ex-émir de l'AIS a bénéficié des dispositions de la Concorde civile et s'est rendu avec 6000 terroristes. Madani Mezrag été également associé à la politique de Réconciliation nationale prônée par le président de la République. En politique, rien n'est gratuit! En contrepartie de son soutien à la démarche du Président, Madani Mezrag va, certainement, revenir sur la scène politique. Ainsi, la mouvance islamiste marquera son retour en force. Alors que tout le continent arabe bascule vers l'islamisme, l'Algérie ne fera pas exception. Le retour de Madani Mezrag ne sera qu'une question de temps. Il faut reconnaître que le retour des responsables politiques de l'ex-FIS a suscité une vive polémique au sein de la classe politique sans pour autant parler des repentis. Le gouvernement a eu à répondre à plusieurs reprises par le biais de ses ministres que l'ex-FIS c'est fini. «Il n'est pas question du retour de l'ex-FIS dissous», avait martelé le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, lors de la présentation du projet de loi à l'APN. Cependant pour les repentis, les choses restent moins claires. Interrogé sur ce sujet, le ministre de l'Intérieur est resté vague. «Ils seront examinés au cas par cas», a-t-il brièvement répondu aux journalistes. La réponse du ministre confirme un éventuel retour à la politique des anciens de l'AIS, entre autres Madani Mezrag. Ce qui est sûr, son retour va fausser les calculs des leaders islamistes qui affûtent, d'ores et déjà, leurs armes. Le président du MSP, Bouguerra Soltani, multiplie ses efforts pour renforcer ses rangs. Dernièrement, il a lancé un appel aux islamistes les invitant à former une alliance, en vain. Cet appel n'a pas eu d'écho auprès des islamistes, à leur tête le Cheikh Abdallah Djaballah.