A la ligue nationale, on préfère ménager les uns tout en saquant les autres. S'il est une commission de la ligue nationale qui ne chôme pas c'est bien celle de la discipline. Au tout début de la saison, le MJS, la FAF et la LNF avaient cherché à sensibiliser les acteurs du football en les invitant à faire preuve de retenue et à éviter de tomber dans le piège de la violence. Force est d'admettre qu'au bout de six journées en division 1 et de cinq journées en division 2, le message ne donne pas l'impression d'avoir été compris. Plus les matches défilent et plus on assiste à une vague déferlante de violence dans le paysage footballistique. Dire que les clubs en sont responsables est partiellement vrai car leurs acteurs (joueurs, entraîneurs, dirigeants) ne savent pas se comporter comme de véritables sportifs qui admettent la défaite. A travers leurs déclarations incendiaires et leurs mauvaises réactions sur et en dehors du terrain, ils entraînent un public conditionné dans la spirale des jeux dangereux. On entend par public conditionné, des gens déjà préparés aux actes de violence en raison du mal vivre et de l'oisiveté dont ils sont victimes. A partir de là, il devient difficile de contrôler une foule en colère et toutes les sanctions prononcées à l'encontre des clubs ne suffiront pas pour la calmer. Le cas d'Oran en est un parfait exemple. Le public du MCO a poussé la LNF à suspendre pour deux rencontres le stade Bouakeul alors que la saison dernière, le Mouloudia avait évolué, presque constamment, hors de chez lui en raison des scènes de violence dont il s'était rendu coupable à l'issue du match contre l'USMA. Il n'y a guère à se leurrer ce ne sont pas les décisions de suspension prises par la LNF qui vont arrêter le phénomène. D'autres stades sont appelés à fermer leurs portes car les moyens mis en oeuvre pour faire stopper cette violence ne sont pas assez fermes et dissuasifs. Imposer le huis clos sur le championnat pendant une bonne période serait un de ces moyens, mais nous serions fort étonnés que la FAF et la LNF soient capables d'aller vers une telle extrémité. D'ailleurs, on sent comme de l'hésitation dans les prises de décisions en matière de discipline. C'est ainsi que la commission ad hoc a opté pour quatre rencontres à huis clos pour l'USM Blida après les graves événements qui se sont produits jeudi dernier, à l'issue de la défaite concédée face à l'US Chaouia. La commission de discipline de la LNF a complètement dérapé sur le sujet parce qu'il se trouve que c'est à Blida qu'ont eu lieu les incidents les plus destructeurs. En cela, elle a tourné le dos à la réglementation. En effet, l'article 260 des règlements généraux indique que «tous les incidents graves survenus après la rencontre et signalés dans le rapport des officiels sont sanctionnés comme suit: 1- suspension de six mois et une amende de 20.000 dinars aux dirigeants fautifs, 2-quatre matches de suspension de terrain et une amende de 50.000 dinars au club». Comme on peut le voir, il n'est pas du tout question de huis clos. Il est certain que l'USMB a reçu là un énorme coup de pouce de la part de la LNF. Celle-ci peut être considérée comme partie prenante de la recrudescence de la violence dans les stades, car faisant fi des dispositions des textes réglementaires. La LNF est d'autant plus blâmable que le bureau fédéral, lors de sa dernière réunion, quand il avait annoncé que «tout jet de projectiles et autres troubles exposera le club à la suspension du terrain, voire au huis clos». S'il est vrai que les stades du 20-Août (CRB), Bouakeul (MCO) et du 1er-Novembre (USMH) méritent les suspensions qui viennent d'être prononcées à leur encontre, il est tout aussi vrai que la sanction du huis clos infligée au stade de Blida, le lieu où se sont produits les incidents les plus graves, apparaît comme un acte de faiblesse devant l'USMB. A ce tarif là, on prend le pari de voir la violence ne pas s'atténuer et tout cela à cause des dirigeants qui jonglent avec les textes réglementaires en fonction des intérêts des uns et des autres. Le football algérien est décidément dans un pitoyable état.