La marche qu'a organisée le collectif des associations et artistes de Tizi Ouzou s'est voulue humble, mais semble avoir eu le succès qu'elle méritait. Près de 500 personnes ont ainsi arpenté les rues de la ville des Genêts afin de dénoncer la tenue du Festival mondial de la jeunesse et de l'étudiant. Dans un silence profond, la marche s'est ébranlée vers 10h et a eu comme point de départ la permanence de la Cadc de Tizi Ouzou, façon de dire que le mouvement associatif et les artistes soutiennent totalement le mouvement citoyen. Parmi les participants qui se sont organisés en quatre carrés, se trouvaient des familles de victimes du printemps noir dont les parents du premier martyr: Guermah Massinissa. On a noté aussi la présence des représentants du MCB-Coordination nationale. Quant aux artistes, ils formaient le deuxième carré pour exprimer leur soutien à la plate-forme de revendications d'El-Kseur et dénoncer la tenue de ce qu'ils appellent le «festi-balle». Vu le deuil que voulait marquer cette marche, les banderoles noires étaient de rigueur et les mots d'ordre furent: «Mouvement associatif, artistes et mouvement citoyen: même combat», «Festival pour le pouvoir, festi-balle pour la jeunesse», «Soutien à la plate-forme d'El-Kseur» et «Tamazight, langue nationale et officielle». Comme prévu, le point d'arrivée de la marche était la morgue du CHU Nedir de Tizi Ouzou où une minute de silence a été observée par les «manifestants», suivi du dépôt de gerbes de fleurs en hommage aux victimes de la répression. A noter que dans le même cadre, une marche similaire est prévue à Béjaïa le 30 août. Le collectif réitère aussi son adhésion à la «marche de la Soummam» prévue pour le 20 août à Ouzellaguen. A l'issue de la marche, un point de presse a été animé au théâtre communal Kateb-Yacine où étaient présents bon nombre d'artistes tels que Boudjemaâ Agraw, Rabah Ouferhat, Shamy du groupe Abranis et Cherif Hamani. Les artistes avaient tous la même ardeur s'agissant de dénoncer le «festi-balle» qui se déroulait alors que la jeunesse algérienne était violemment réprimée. Boudjemaâ Agraw déclarera que sa présence est avant tout un devoir de citoyen, mais surtout pour dénoncer le pouvoir central et rendre hommage aux victimes du printemps noir.