Est-ce la fin du black-out culturel dont a été victime la wilaya de Tizi Ouzou pendant de longues années? Tout porte à le croire. Au vu du rythme où vont les activités culturelles et artistiques ces dernières semaines, l'espoir reste permis et la population de la wilaya qui a tant souffert de la monotonie, commence à respirer. Qui aurait prédit qu'un vendredi, la ville des Genêts allait pouvoir abriter un événement artistique aussi agréable que le spectacle de Farid Ferragui? Pas moins de mille personnes ont pu partager des moments inoubliables avec leur artiste favori et ce, durant tout l'après-midi. Malgré l'éloignement et les désagréments du transport, les villageois ont fait le déplacement au chef-lieu de wilaya. Les vendredis mornes et fades sont donc bien loin derrière nous. C'est un véritable exploit quand on sait qu'il y a à peine quelque temps, cet établissement culturel n'ouvrait même pas ses portes les vendredis, comme s'il s'agissait d'une administration. Le spectacle de Farid Ferragui intervient après celui, tout aussi émouvant, animé il y a dix jours par le duo Nouara-Medjahed Hamid. Ce dernier a réussi à convaincre la plus belle voix féminine kabyle à renouer avec la scène après une éclipse ayant duré plusieurs décennies. Le come-back fut triomphal au grand bonheur de ses admirateurs et au grand dam des détracteurs de la chanson kabyle de qualité, qui ne souhaitent voir que des navets et du réchauffé représenter cette dernière. La série de spectacles ne s'arrêtera pas de sitôt puisqu'un autre concert qui ne risquera pas de passer inaperçu est prévu pour la fin de ce mois et sera animé par le groupe mythique Les Abranis. La ville de Tizi Ouzou abrite aussi, dès aujourd'hui, un colloque national sur la vie et l'oeuvre de Kateb Yacine et ce, après avoir accueilli la semaine dernière un salon du livre. Ce dernier, malgré de nombreuses lacunes et une faible participation, reste une initiative louable et perfectible. De même qu'il serait souhaitable qu'il soit organisé dorénavant, en dehors des périodes des vacances scolaires d'hiver. Mais l'événement véritablement grandiose qui attend la ville des Genêts est incontestablement le Festival national du film amazigh qui sera organisé le mois de mars prochain. Désormais, ce festival donnera à la ville de Tizi Ouzou une image culturelle inédite. Surtout qu'il permettra au 7e art d'être véritablement relancé dans une ville où toutes les salles de cinéma sont devenues des tombes. La tenue de ce festival sera l'occasion de l'inauguration de la cinémathèque de Tizi Ouzou. Une autre réalisation, à savoir le théâtre régional Kateb-Yacine, sera l'occasion de faire rejaillir la culture dans la capitale du Djurdjura. Les travaux de cette nouvelle infrastructure tirent à leur fin et c'est avec bonheur qu'elle sera accueillie. Le souhait de tout un chacun, dans la région, est que cet élan s'inscrive dans la durée et ne soit pas circonstanciel. La région de Tizi Ouzou a trop subi, et sa population mérite enfin ces bouffées d'oxygène après avoir tant inhalé des gaz lacrymogènes...