Pas vraiment lourd, mais du bon son pas mal fichu, rehaussé d'une rythmique soft et d'un flow hip pop, R'n'b, techno dansant à l'américaine. Sa came, sa dope, bref sa drogue à lui est le rap, le hip-hop qu'il affectionne et écoute depuis sa tendre enfance tels Public Enemy, Notorious big, IAM, NTM, Lunatic, 45 Scientific... Lotfi 24 ans, forgé au rap américain a le flow dans le sang comme leitmotiv. Le nom de scène qu'il s'est choisi peut prêter à sourire, quand on regarde l'affiche de l'album, propre et nickel et on se demande vraiment pourquoi un tel nom. D'ailleurs à l'écoute du son de son opus, la promesse est encore plus lourde que le contenu. Mais le résultat studio est assez réussi tout de même car attractif et entraînant. Bestial donc, à l'instar d'un Sexion d'Assaut, se veut représenter le futur de la scène Hip Hop algérienne. «La représentation fidèle de la street-life made in Djazaïr» comme il est mentionné dans sa bio... En 2004, Bestial décide ainsi de franchir le pas de la simple écriture, pour enfin enregistrer ses premiers sons en compagnie de ses deux complices Jakarezino et Skizo. Il choisit de chanter en français pour faire partager sa musique au plus grand nombre...sans jamais oublier la diaspora maghrébine. La rencontre en 2008, avec Dj Elyes (Dj est producteur emblématique de la scène Hip Hop marseillaise (ayant déjà produit, Akhenaton (IAM), Faf La rage, Larsen, Lotfi double canon...) a permis de mettre à jour le clip En Direct d'Alger premier «ghetto clip» tourné dans les rues d'Alger. Dès 2009, Ali Lotfi marque un réel tournant artistique en proposant au public, déjà séduit par le projet «Etat d'Urgence», un contre-pied total de par son duo avec l'artiste Adama (rappeur malien), mais ce n'était là que la première pierre de l'édifice musical de l'artiste autodidacte. Aussi, à l'aise dans les études que dans l'art, Bestial enchaîne l'année 2010 avec force, un TS Marketing en poche, le natif d'Alger s'embarque dans plusieurs projets novateurs pour le marché algérien, à savoir le tournage du Clip en haute définition «Certifié DZ», titre que l'on retrouve dans son nouvel album qui sortira la semaine prochaine. En effet, l'année 2011, annonce la maturité de l'artiste où, comme il le dit, il «sort définitivement de la cave»... Bestial sort son premier album la semaine prochaine intitulé XVI (Seize en chiffres romains). Par son «Rap fennec» il promet de «mettre des claques». Lotfi trouve l'énergie de poser sur différents projets, tel l'album «Dirty Mentality» du groupe algérien Dirty 16 (à ne pas confondre avec City 16), l'album «Accent Bled» du rappeur M-16 et le projet «UDPA» qui a réunit les meilleurs DJ'S et Producteurs algériens (il collabora sur le morceau «Certifié DZ»). Son album «XVI» contient dix morceaux, en plus d'une intro et un finich instrumental. Bestial espère démarrer sur «l'autoroute de la gloire» puisqu'il annonce déjà la couleur dans ce morceau démarrage où il se voit décoller comme «une fusillée d'Ariane». Le morceau est chanté en français avec des touches en arabe qui nous font penser à quelque égard à un autre rappeur algérien, de Djefla «pure souche», alias Naily. Au Max (Feat Kiza King) est un morceau plutôt R'nb,oriental assaisonné à du son raï electro chantant avec punch, l'espoir, l'optimise, le combat de gagner. «On se donne au maximum, nuit et jour, pour atteindre le maximum» chante-t-il. Le 4e morceau de la play list, Warior aborde le sujet du combat pour affronter la vie comme un guerrier entrant dans une arène. Plutôt soft, Rap life rehaussé de notes de piano, plutôt lent, retrace le parcours de ce jeune dont «les études n'intéresse pas et préfère les shab.» Comme il est suggéré dans cet extrait où il donne aperçu de son vécu. «Le flow, motivé par les shab, je fonce, rap life jusqu'à la mort.» Est -ce une autobiographie? «Je vise haut, j'ai envie de verser dans le flow, j'écris des versets» Dans J'Parle en Money (Feat Jakarezino) est une sorte de caricature à l'américaine dénonçant ou pas le langage des rappeurs. Des mots imagés un peu le cliché des rappeurs américains que l'on voit dans les vidéoclips. Manque que les filles en maillots... Bestial clame haut et fort: «J'aime la carte bleue pour voir la vie en rose. Le silence est en argent. Je suis la cerise sur le getto.» Mais il souligne un peu auparavant: «L'argent tue le savoir.» Certifié Dz est un morceau des plus entraînants, du Rap à l'américaine. «C'est du poids lourd, pas du fitness!» chante t-il de sa voix grave. «Bataille, boucherie hallal. Certifié dz!» Dans Près du coeur, (Feat M-16) le son s'adoucit pour faire place aux sentiments. Bestial chante le mal-aimé, le harrag ou immigré ayant laissé ses parents de l'autre côté de la rive et promet de ne pas les oublier. Dans Réussir ou mourir l'artiste délivre un message assez typique pour les gros magnats du rap américain. «Dans ce pays il faut se faire du fric, et quand tu as du pognon tu as le pouvoir....!» Espérant que Bestial ne perde pas quand même le nord, bien qu'on lui souhaite un très grand envol, qui, gageons, ne lui brûlera pas les ailes comme Icare.. Dans No stop, morceau réalisé avec l'artiste et musicien Shiheb, c'est plus de la techno house qu'on a droit. Un son «boîte» destiné à danser jusqu'au bout de la nuit. Good bye clôt cet album avec ces paroles d'un écorché vif qui crache, clame et aspire sans cesse au meilleur, pour aller toujours plus haut, plus loin, aux cimes du succès. «Je vous quitte sur ce flow. 100 pour 100 vrai, ce n'est pas pour les faux. Mon propre style je l'ai toujours, je mérite un gros salaire. Frère je galère dans le rap, il y a pas mal d'années, ce n'est pas du bluff...» C'est tout ce qu'on lui souhaite. Bon vent donc à toi, Bestial!