La wilaya d'Oran, cette belle cité lumineuse, n'est plus ce qu'elle était dans le passé. Des charognards de toutes espèces, venus de différents horizons, ont pris ses soubassements et profitent de la misère des dizaines de familles en mal de logement. A la faveur des dernières mesures entérinées par les responsables hiérarchiques, notamment dans le cadre de la prise en charge du logement et de la résorption de l'habitat précaire, les vendeurs de rêves frappent fort en mettant dans des «bourses» propres à leurs cercles, des bidonvilles à des prix prohibitifs. Tout comme dans les bourses du pétrole, les cours des taudis fluctuent à la faveur de la moindre déclaration faite par les responsables de l'habitat. Un tel constat est perceptible dans le bidonville géant Kara II, construit sur un terrain vague appartenant à la commune d'Es Senia. Les «favelas» sont cotées à des prix allant jusqu'à 100 millions de centimes alors que dans un passé récent, les mêmes bidonvilles ont été cédés à des prix ne dépassant pas 10 millions de centimes. Où sont donc passés les services devant juguler ce fléau où les détenteurs d'un pouvoir illégal se sucrent sur le dos des dizaines de familles en détresse? Après donc les courtiers investis dans l'immobilier dans les villes, d'autres, non moins audacieux, ont, au vu et au su de tout le monde, investi un secteur initialement interdit d'exercice puisque sévèrement réprimé là où s'exerce avec rigueur la loi. Il n'est un secret pour personne, que ladite pratique est née dans les vieux quartiers populaires où l'habitat est vétuste. Après chaque opération de relogement des familles, les habitations évacuées sont aussitôt envahies par de nouveaux locataires, le but étant bien sûr de se faire recenser par les commissions techniques tandis que la finalité porte sur l'acquisition d'un logement social. La problématique n'est pas résiduelle comme le pensent certains, notamment les responsables en charge du logement. Le constat est terrible et les bilans accablants. La wilaya d'Oran recense plus de 11.000 bidonvilles construits anarchiquement un peu partout dans les 26 communes de la wilaya d'Oran. A Aïn El Beïda, la situation sociale des familles est catastrophique: des dizaines de familles logent sous des toitures en zinc. Les dernières intempéries ont révélé toutes les tares qui accompagnent la gestion de la lutte contre la prolifération des bidonvilles. Plusieurs dizaines de foyers de fortune ont été envahis par les eaux pluviales tandis que leurs occupants n'ont trouvé pour seul recours que d'occuper de force une école du cycle moyen privant ainsi de scolarité plusieurs centaines d'élèves. Le même constat est à relever dans le bidonville géant baptisé «Dubaï». Celui-ci ceinture la commune de Sidi Chahmi. «Tels qu'ont été abordés la problématique des bidonvilles et le squat des biens de l'Etat, nous sommes encore loin du bout du tunnel étant donné que ces deux phénomènes continuent à prendre des tournures graves», déplore-t-on.