Le prochain sommet prévu le 30 janvier s'annonce une nouvelle fois très tendu Le prochain sommet, prévu pour le 30 janvier, s'annonce une nouvelle fois très tendu. Les dirigeants européens se retrouvent contraints de remettre l'ouvrage sur le métier pour stopper la crise de la dette après avoir vu leur mode de gestion jusqu'ici durement sanctionné par les dégradations de Standard and Poor's. Dans ce contexte, leur prochain sommet prévu le 30 janvier, que plus personne n'ose qualifier de celui de la dernière chance tant les précédents ont accouché de demi-mesures, s'annonce une nouvelle fois très tendu. La réunion devra être non seulement l'occasion d'adopter comme prévu un nouveau traité budgétaire renforçant la discipline commune en Europe mais aussi de trouver des solutions aux problèmes immédiats: le risque d'un défaut de paiement contraint de la Grèce et la question des moyens du Fonds de secours financier de la zone euro, relancée par les décisions de Standard & Poor's. Non contente d'abaisser les notes de neuf des dix-sept pays de l'Union monétaire, l'agence de notation a aussi renvoyé les responsables européens à leurs études. Les décisions prises à ce jour par la zone euro risquent d'être ´´insuffisantes pour répondre aux tensions systémiques continues dans la zone euro´´, a jugé S&P. ´´Nous avons affaire davantage à une dégradation du mode de gestion de la crise´´ dans l'Union monétaire car les responsables ont ´´gâché´´ le temps qu'ils avaient ces dernières semaines, estime Sony Kapoor, responsable du centre de réflexion économique Re-Define. En particulier, l'agence de notation s'inquiète de voir l'Europe, sous la pression de l'Allemagne et des pays orthodoxes du Nord, se focaliser uniquement sur l'austérité, avec le risque de plomber un peu plus l'économie. Une critique également partagée dans de nombreux partis de gauche en Europe. S&P a estimé qu'´´un processus de réforme fondé uniquement sur un pilier d'austérité budgétaire risque de s'auto-détruire´´. Le projet de nouveau traité budgétaire pour renforcer la discipline commune en prend notamment pour son grade dans l'évaluation de l'agence américaine. Les pays de la zone euro et sans doute neuf des dix autres pays de l'Union européenne (la Grande-Bretagne seule refuse) ont prévu d'adopter la fin du mois ce nouveau texte censé imposer partout une règle d'or sur le retour à l'équilibre budgétaire et des sanctions quasi-automatiques contre les gouvernements laxistes. A l'inverse, en Allemagne et au sein de la Banque centrale européenne on s'inquiète que ce traité ne soit pas aussi strict qu'escompté. La chancelière Angela Merkel, qui a exigé le pacte, en a demandé ce week-end la mise en oeuvre ´´rapide´´. ´´Et il ne s'agit pas d'essayer de l'adoucir partout où l'on peut, mais de donner des garanties de finances solides pour l'avenir´´, a-t-elle averti. Pour sa part, la BCE a estimé qu'en l'état le projet de traité revenait à une ´´révision significative en baisse´´ des objectifs initiaux sur la réduction de la dette publique, dans une lettre envoyée aux gouvernements dont le Financial Times a fait état samedi. L'institut de Francfort s'inquiète concrètement de l'introduction d'une clause d'exemption pour le respect de la règle d'or en cas de ´´circonstances exceptionnelles´´. Or, l'avis final de la BCE sera crucial. Du point de vue de nombreux gouvernements, le pacte devait justement servir à la persuader d'aider davantage les pays fragiles de la zone euro. Les dirigeants européens vont devoir aussi se pencher à nouveau sur les moyens dévolus à leur Fonds de secours financier, FESF. Pour le moment, Berlin refuse de remettre au pot mais le risque à présent de dégradation de la note du mécanisme pourrait contraindre à un renflouement. Les décisions de S&P ´´montrent que davantage doit être fait pour gérer et surmonter au final la crise´´, juge Janis Emmanouilidis, analyste au European Policy Centre (EPC).