Les manifestations sont quasi quotidiennes la corruption, la hogra, la malvie, le favoritisme, le déni de justice et tant d'autres sont un vrai cocktail explosif. La contagion de la contestation des mal logés, l'immolation par le feu, flambée des prix opérée constamment par les lobbies et non par le marché de l'offre et de la demande, la stagnation de la vie politique et sociale font le lot de morosités ressenties au quotidien par les Algériens. «Il n'est pas étonnant que seules les 48.000 boîtes de négoces se portent merveilleusement bien et trouvent leur compte en Algérie», commentent les économistes. Si les prix de divers produits de large consommation ont souvent flambé, ils n'ont toutefois jamais affiché une tendance baissière. A la répercussion automatique et unidirectionnelle des fluctuations à l'international, s'ajoute l'inflation qui rattrape le moindre sou accordé aux salariés. Cela s'apparente à la limite du tolérable, déplorent les citoyens. A force de revivre la même chose, ces effets directs des crises multidimensionnelles et structurelles sont carrément banalisés. Les manifestations socioprofessionnelles sont quasi quotidiennes et s'inscrivent dans la durée. Des partis ovnis, dont on retient difficilement les sigles, posent leurs jalons, d'autres faisant le grenouillage dans leur longue hibernation, sont déterrés une fois tous les cinq ans; en somme, un paquetage du réchauffé servi indéfiniment. Néanmoins, ceci donne l'impression d'un changement qui s'opère dans la continuité du marasme à la veille d'une législative censée amender la Loi fondamentale en profondeur à l'ombre d'un statu quo général. La flambée des prix enregistrée depuis l'entame du Nouvel An s'accompagne désormais de celle du social. La nouvelle vague haussière est d'autant plus dramatique qu'elle se conjugue avec celles affectant les marchés internationaux. L'effondrement du pouvoir d'achat induit par l'inflation élevée et incontrôlée, combiné avec le mécontentement qui couve au sein de la population pour diverses raisons, pourrait servir de faille au volcan social. La marginalisation des jeunes livrés aux trafiquants de drogue et les seigneurs de l'informel, les tracas administratifs, la corruption, la hogra, la malvie, le favoritisme, le déni de justice et tant d'autres, sont un vrai cocktail explosif. Par conséquent, les citoyens algériens «ne se sentent pas concernés par le processus politique qui s'effectue sans eux», selon plusieurs observateurs. Or, le statu quo dans ces circonstances accentue la désillusion des jeunes et des moins jeunes. Dès lors, si les contestations sociales secouant le pays à des intervalles réguliers n'ont pas encore atteint le stade critique, en revanche elles renseignent sur l'ampleur et la profondeur du malaise social qui atteint son paroxysme. Ces manifestations ne constituent pas moins, à y voir plus clair, de sérieux avertissements aux autorités. Deux immolations par le feu ont été enregistrées durant la semaine écoulée. Le dernier cas a été signalé à Aïn Témouchent. Un homme âgé de 33 ans et vivant dans un bidonville s'est aspergé d'essence et y a mis le feu, dimanche dernier. Un cas similaire exprimant le drame de la misère vécue au quotidien est survenu à Saïda 24 h après, selon les comptes rendus de la presse. Un jeune homme de 27 ans s'est immolé par le feu mardi dans la ville de Saïda pour attirer l'attention des autorités locales sur sa situation de détresse. Illustrant un modèle de gestion et de distribution toujours opaque, les émeutes du logement éclatant à chaque opération de pré-affectation de logements à travers plus de 6 wilayas (Laghouat, Ouargla, Skikda, Annaba, Batna, Constantine et Alger) risque de se propager à travers le territoire national d'autant plus que le besoin en la matière est énorme. Tous les ingrédients d'une situation sociale catastrophique n'ont jamais été aussi bien réunis. En considérant le statut quo, la corruption à grande échelle, la hogra, l'injustice, etc.