Appliquer des sanctions pétrolières contre l'Iran sera un suicide économique pour les pays européens. L'Iran a mis en garde l'Arabie Saoudite contre une éventuelle augmentation de sa production pétrolière pour compenser le pétrole iranien en cas de sanctions occidentales en appelant les dirigeants saoudiens à ´´réfléchir davantage´´ aux conséquences d'un tel geste. ´´Ces signes ne sont pas des signes amicaux et nous invitons les responsables de l'Arabie Saoudite à réfléchir davantage´´, a déclaré le ministre iranien des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi en réaction à une déclaration du ministre saoudien du Pétrole Ali al-Nouaïmi. Ce dernier a assuré lundi dans une interview accordée à la chaîne américaine CNN que son pays pouvait rapidement compenser les exportations de brut de l'Iran en cas de sanctions pétrolières occidentales contre ce pays soupçonné de chercher à se doter de l'arme nucléaire. ´´Nous produisons actuellement entre 9,4 et 9,8 millions de barils par jour (mbj)´´ et ´´nous avons une capacité de production de 12,5 mbj´´, a indiqué le ministre saoudien. ´´Nous pouvons facilement atteindre 11,4 à 11,8 mbj en quelques jours. Tout ce que nous avons à faire est d'ouvrir les vannes. Pour atteindre les 700.000 barils par jour supplémentaires, nous aurons probablement besoin d'environ 90 jours´´, a-t-il ajouté. ´´Je pense que cela été un point de vue personnel du ministre du Pétrole saoudien et ne reflète pas la position de l'Arabie Saoudite´´, a ajouté M.Salehi. Deuxième producteur de l'OPEP derrière l'Arabie saoudite, l'Iran produit 3,5 millions de barils par jour et en exporte environ 2,5 mbj. Des responsables occidentaux ont affirmé que des pays du Golfe, en particulier l'Arabie saoudite, compenseraient le déficit d'offre en cas d'embargo contre les exportations d'Iran, afin de convaincre les pays asiatiques, surtout le Japon et la Corée du Sud, de participer à la démarche. Le représentant de l'Iran auprès de l'Opep, Mohammad Ali Khatibi, avait déjà averti dimanche les monarchies du Golfe contre toute tentative de compenser les exportations pétrolières de Téhéran. Face aux possibles nouvelles sanctions pétrolières de l'Occident qui veut pousser l'Iran à renoncer à son programme nucléaire, l'Iran a soufflé le chaud et le froid en disant avoir la capacité de fermer le détroit d'Ormuz, par où transite 35% du trafic pétrolier maritime mondial, avant de revenir sur ces menaces. L'Occident accuse l'Iran, malgré ses dénégations, de vouloir fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil. L'Union européenne doit finaliser le 23 janvier les modalités d'un embargo sur le pétrole iranien, qui pourrait être mis en place sur six mois. Environ 18% des exportations pétrolières de l'Iran partent vers l'UE, essentiellement l'Italie (180.000 b/j), l'Espagne (160.000 b/j) et la Grèce (100.000 b/j). ´´Appliquer des sanctions pétrolières contre l'Iran sera un suicide économique pour les pays européens (...) Avec la crise économique que connaît la zone euro, toute sanction pétrolière contre le pétrole iranien va aggraver la crise dans cette zone´´, a averti mardi M.Khatibi. Interrogé à propos de la lettre envoyée par les Etats-Unis à l'Iran après les menaces de fermeture du détroit d'Ormuz, M. Salehi a déclaré: ´´Ils avaient déjà envoyé une lettre et il n'y a rien de nouveau dans cette récente lettre. Nous avons dit par le passé que l'Iran plus que n'importe quel autre pays cherche à assurer la sécurité du Golfe persique´´. ´´La sécurité dans le Golfe persique est une sécurité collective et personne à l'extérieur de la région (...) ne peut décider quel pays peut bénéficier des avantages du Golfe persique et quel pays ne peut pas en bénéficier´´, a ajouté M.Salehi. ´´Nous respectons autant nos engagements internationaux que nous défendons nos intérêts et nous ne permettons à personne de mettre en cause les droits de notre nation´´, a ajouté M.Salehi. Le ministre saoudien du Pétrole, a affirmé lundi que si l'Iran mettait à exécution ses menaces de fermer le détroit d'Ormuz, cette voie d'eau stratégique à l'entrée du Golfe ne resterait pas longtemps fermée.