Le candidat socialiste et principal adversaire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle, François Hollande, a attaqué dimanche le «monde de la finance», «adversaire» du peuple, lors de son premier grand meeting de campagne à trois mois du scrutin. Sorti grand vainqueur le 16 octobre d'une primaire à l'américaine inédite en France, M. Hollande, qui représente l'aile modérée du Parti socialiste, s'est efforcé de "fendre l'armure" pour parler de lui, de sa famille, dans un discours combatif et marqué à gauche devant 25.000 personnes près de Paris. Parlant - ce n'est pas fréquent chez cet homme réputé d'une pudeur extrême - à la première personne, il a assuré: «j'aime les gens quand d'autres sont fascinés par l'argent», «je veux conquérir le pouvoir mais je ne suis pas vorace», «je n'aime pas les honneurs, les protocoles et les palais». Définissant «le monde de la finance» comme son «véritable adversaire qui n'a jamais été élu et ne sera pas candidat», le favori des sondages pour succéder à Nicolas Sarkozy à la tête de l'Etat français s'est attaché à démentir ceux qui lui reprochent de ne pas être assez à gauche. «Je serai le président de la fin des privilèges», a-t-il martelé. Le candidat a également évoqué les grandes figures du Panthéon de la gauche française, comme le seul président socialiste français, François Mitterrand, etb l'ancien Premier ministre Pierre Mendès France. Il a réaffirmé ses grandes priorités: éducation et jeunesse, justice avec une grande réforme fiscale, redressement fondé sur un pacte productif et de croissance alors que la France s'enfonce dans la crise et a vu sa note dégradée d'un cran par l'agence de notation financière Standard and Poor's. Il a également annoncé qu'il proposerait en janvier 2013 un «nouveau traité franco-allemand» à la chancelière Angela Merkel s'il était élu président. Il faut «ouvrir un nouveau cycle en Europe, celui d'une coopération économique, industrielle, énergétique entre nos deux pays», a-t-il estimé. «Sur le plan européen, mon premier déplacement (de président s'il est élu, ndlr) sera pour rencontrer la chancelière d'Allemagne et pour lui dire que nous devons ensemble changer l'orientation de l'Europe dans la croissance et dans le lancement de grands travaux», a-t-il dit. Pour les précisions, il faudra attendre jeudi matin, jour où sera présentée la «plate-forme présidentielle», avec des «éléments chiffrés». Raillé par la droite pour son absence d'expérience dans un gouvernement, François Hollande s'est contenté jusqu'à présent de surfer sur l'impopularité record de Nicolas Sarkozy. Après plusieurs couacs sur certaines mesures du candidat, qui ont donné des armes à la majorité présidentielle pour critiquer le flou supposé de son programme, l'entourage de M. Hollande veut croire avec ce premier meeting à l'entrée dans «une nouvelle séquence». Favori des sondages depuis plusieurs mois, le principal candidat de l'opposition est crédité de 28% à 30% des intentions de vote, devant Nicolas Sarkozy, qui doit rendre officielle sa candidature vers la fin février (23-24%), la chef de file de l'extrême droite Marine Le Pen (18-20%) et le candidat centriste François Bayrou, à 12-14%. Mais alors que la cote de François Hollande s'érode lentement et que Nicolas Sarkozy reste très impopulaire (63% de jugements défavorables), Marine Le Pen et François Bayrou ne cessent de progresser. Mme Le Pen a en partie réussi à débarrasser son parti, le Front national, de son image de mouvement xénophobe. Son discours dur sur l'islam et l'immigration et le discrédit des élites dans une France en crise économique et identitaire lui donnent un écho de plus en plus important. Quand au candidat centriste, il est passé de 7% des intentions de vote en décembre à 14% mi-janvier et les sondeurs évoquent désormais une «dynamique Bayrou».